vendredi 28 mai 2010

Léa veut être chef de comptoir.

Je suis une bonne gagneuse… je connais mon boulot et je suis attentive aux problèmes des autres filles. En fait, alors qu’Isa et Big-boss sont enfermés derrière avec les cartons, le bordel (et ils s’accordent le droit de fumer, les salauds…) à pouvoir jurer comme des charretiers ou rire aux éclats, je suis (avec les autres abeilles de la ruche), la garante de la classe de l’agence. Avec le déco zen et les bureaux paperless, jamais un mot plus haut que l’autre et le sourire commercial accroché à mon doux visage… à materner mes clones...

Je suis polyvalente. Je répète : po-ly-va-lente. Je ne suis pas seulement blonde, sympa, enjouée et rigolote… je sais faire du café et sourire naturellement aux cons, mais aussi écouter les clients inquiets et les rassurer, les comprendre et leur proposer le bon voyage… j’ai toujours une oreille qui traine pour orienter, aider, conseiller mes collègues dans le besoin et dénouer les embrouilles… Oui : je le revendique : je suis une perle ! C’est pour ces nombreuses qualités, (et parce que je supporte Big-boss, que je l’aime bien et qu’il sait que je suis une fille fiable ; et aussi parce que je suis la chouchoute d’Isa) que je revendique le titre de chef de comptoir.

Big-boss n’est pas souvent à l’agence, Isa n’a pas parlé à un client indiv’ depuis genre dix ans. Alors pourquoi je devrais assumer la cohésion de l’équipe sans avoir ce titre de chef de comptoir ?

Bien entendu, les (quelques) lecteurs de ce blog sont des pro’ et savent ce que c’est que d’être « chef de comptoir ». Ce terme me fait vomir. En gros, dans les agences, c’est la meuf qui assure et qui materne, celle qu’on appelle au secours (combien de fois ai-je entendu « je vais voir ça avec ma responsable » ? alors, Isa répond invariablement « ben j’sais pas, comment tu le sens ? ». Isa devrait être celle qui joue le rôle du fusible avec les clients (passer la patate chaude à une collègue, voire à une rrrresponsable, c’est une bonne façon de désamorcer une embrouille)… alors en fait, de façon assez inconsciente, on appelle Isa (dés fois qu’elle ait une idée géniale, mais non...), on réfléchit chacune dans notre tête au plan B (ou les filles viennent m’en parler), on l’applique (le plan B) et on se débrouille. Bon. Les pires, on me les passe, parce que je donne l’impression d’être gentille mais efficace. Mais ce qui m’énerve, c’est que je joue le rôle de la chef de comptoir, que je suis légitime dans ce rôle, mais que je n’ai pas le titre même si je gagne 120 à 200 € de plus que les autres filles. Mais plutôt que de nous lamenter sur mon sort, analysons la sémantique de ce titre délicieux : Chef de comptoir. Selon le dico, ça donne :

> chef
(nom masculin)
Tête.
Celui qui est à la tête, qui commande.
> comptoir
(nom masculin)
Table sur laquelle le marchand étale ses marchandises et reçoit ses fonds.

Cette définition me déprime. En fait, mon ambition, c’est d’être « la meuf qui commande la table sur laquelle les trois autres nanas et le beau gosse de l’agence étalent les brochures, vendent du rêve, et tripotent le cash ». On fait pas un métier facile… En fait, je voudrais être une espèce de caissière-en-chef, un peu comme la nana du Shopi que les caissières appellent quand la caisse débloque. Elles attrapent une espèce de micro, crachotent et demandent : « une responsable est demandée en caisse pour une annul’, une responsable, merci ». Là, y’a toujours une grosse en blouse qui arrive en se dandinant et en arborant fièrement un jeu de clés qu’elle va secouer d’un air conquérant. Elle pousse la caissière, tourne la clé, appuie sur deux boutons, prend un air satisfait et se barre. N’empêche que c’est la reine de la ruche. Bicauze, elle a la clé. Respect ! Voilà. Quand je serai grande (le 1er juillet, j’aurais 6 ans de boite), je veux que quand les filles disent « je vais voir avec ma responsable », qu'elles se tournent vers moi et demandent « Léa, s’t’ plait, tu peux m’aider ? »… alors, j’arrêterais de bosser sur le dossier qui m’accapare, je me lèverais, prendrais un air très disponible et trouverais la solution. Et là, la reine de la ruche, ça serait moi.

mercredi 26 mai 2010

L'organisation de l'agence de Léa (un poème...)

Abonnés du blog et amis FaceBook que j’ai, vous commencez à me connaître un peu : Je suis blonde (« on le saura Léa que t’es blonde… »), sympa, enjouée et rigolote… je sais aussi faire du café (ce qui est absolument essentiel dans la profession…), sourire naturellement aux cons (trrrès difficile, mais trrrès efficace), aider les collègues dans le besoin et dénouer les embrouilles… je suis une perle, vous en conviendrez !

Je vais vous expliquer comment on se débrouille tant bien que mal on est organisés à l’agence. Facile. On est 7. Derrière (dans les 2 petits bureaux qui ferment), y’a Big-boss et Isa. La sous-chef. Notre responsable officielle. Devant, on a mis les plus beaux : de gauche à droite, les trois brunettes, moi, et le p’tit Max (vu comment est configuré le comptoir, en courbe, les clients ne peuvent pas s’asseoir devant lui : ce qui tombe bien parce qu’il traite la billetterie sociétés, et que ça se fait au téléphone…). Derrière notre comptoir, on est rangés proprement tels des mannequins, alors que dans notre tête, on est plutôt des abeilles dans une ruche.

Qu’est ce qu’on fait ?

Big-boss n’est jamais là : il fait du développement commercial. En gros, il va au client pour tapiner rapporter du chiffre à l’agence. Pour ça, il a un vrai talent. Enfoncer des portes, sourire à tout le monde, convaincre la terre entière que « ça, à l’agence, on va vous le faire aux p’tits oignons », c’est son lot quotidien. Mais une fois que Big-boss a chopé le poisson, il ne s’en occupe plus vraiment… il refile la bouse qui pue le dossier-client à celui (enfin… plutôt « à celle » !) de l’agence qui va savoir faire...
Les groupes, les encaissements, les relances à faire, les factures à payer, c’est pour Isa. Isa est son assistante-comptable-maman-cerveau-mémoire-flic. Elle sait tout faire. Elle travaille avec Big-boss depuis environ 1000 ans, (ils étaient salariés ensemble et elle l’a suivi aveuglément quand Big-boss a monté l’agence), elle est secrètement (laissez-moi rire !) amoureuse de Big-boss (qui fait semblant de ne pas s’en rendre compte), elle pense aux anniv’ des mioches de Big-boss, organise les vacances de Big-boss (qui est le client le plus chiant de la terre pardon… le plus fidèle de l’agence : pas un risque qu’il demande ses trucs chics-et-pas-chers à l’agence d’en face celui là…). Isa « traite les groupes ». C’est sa chasse gardée. Alors dés qu’on a plus de 12 clients qui veulent partir ensemble, on les passe à Isa. Ça lui donne un air important. Elle adore. Quand un client nous dit « on est 15 » (genre), on prend l’air impressionné, et on lui dit « je vais voir avec ma responsable si elle peut s’occuper de vous ». Et Isa arrive tel le héros sur son cheval ailé. Et elle négocie avec les fournisseurs. Isa adore négocier (elle les épuise, les fournisseurs). Isa sait aussi quand il faut foutre la paix à Big-boss ou quand on peut lui demander un truc… Elle fait les plannings des samedis, commande les tickets restau, et trie les propositions d’éductours pour veiller à l’équité dans l’équipe (le jour où y’aura un séjour à Séville ou une croisière dans le grand Nord, c’est pour moi !). Isa est mon alliée même si je déteste qu’elle refuse de prendre les lignes. Du coup, on minaude : « Isabelle est avec un client », « elle est au téléphone », « Oh oui, ça risque de durer assez longtemps, elle travaille sur une grosse opération », (toi, connasse, t’es un p’tit dossier pourri, elle s’en fout), « elle va être trrrrès occupée cette semaine » (moi, je branle la girafe, c’est bien connu), « mais bien entendu madame, je lui transmets votre message » (de toute façon, elle ne te rappellera pas, quand on lui parle de toi, elle t’appelle « le boulet »). Mais pour nous (les vendeuses au comptoir), Isa est toujours dispo. Elle paye les factures à réception, engueule les fournisseurs, le banquier, Big-boss, les clients… mais nous, jamais. Je crois qu’elle nous aime. La preuve, elle nous appelle toutes « ma chérie ». En fait, je crois qu’elle nous considère toutes comme interchangeables et qu’elle ne compte pas embrouiller son cerveau avec des info’ aussi peu utiles que nos prénoms.

Les sociétés, c’est pour Max. Max passe sa journée au téléphone, allume les secrétaires des boites qui achètent leurs billets chez nous, les fait rire, a toujours un mot gentil pour tout le monde. Ce qui m’impressionne le plus chez ce mec, c’est qu’il connaît tous les numéros de téléphone par cœur. Quand sa ligne sonne, il est capable de savoir laquelle de nos 50 sociétés en compte appelle… alors, plutôt que de décrocher en annonçant le nom de l’agence, il personnalise ses réponses pour les secrétaires genre il roucoule « le confident de Monique à l’appareil, j’écoute » (ça, c’est pour la grosse qui lui raconte tout le temps sa life) ou « SOS Paris-Turin buon giorno » (pour la boite italienne qui ne vole que sur Turin). Quand il a oublié un truc (parce qu’on lui refile toute la billetterie et qu’il sature parfois un peu quand même, choupinet), il sait (au numéro qui s’affiche) qui l’appelle et ce qu’il a oublié d’envoyer à la boite en question. Alors, il nous demande de mettre la ligne en attente, il rattrape son retard et quand il prend la ligne, il s’indigne « Ah boooon ? Vous n’avez pas reçu mon mail… je vous l’ai envoyé y’a 2 minutes ». Là, la secrétaire va lui répondre tout de suite « attendez, je vérifie. Ah oui, super, je l’ai. Désolée de vous avoir dérangé. Vous êtes un amour, merci » et Max de répondre (comme 150 fois par jour), « oui, je sais, ça me perdra ». Là, la secrétaire glousse, lui fait un autre compliment, et elle raccroche…

Les clients tourisme à la con qui cherchent le mouton à 5 pattes qui ont besoin de conseils, c’est pour moi.

Le client : « alors voilà, je voudrais un hôtel sympa, juste en face de la plage mais très calme surtout… avec un peu d’animation mais pas vulgaire, pas une grosse usine à touristes avec des mioches, mais pas avec des vieux quand même, enfin, vous voyez ce que je veux dire, vous avez l’habitude quoi… »

Moi : « ben ouais, comme la dernière fois : un boutique-hôtel en plein New-York, avec 50 staffs pour 10 chambres, pour 50 dollars. Mais en version mer. Facile ». «Je pense avoir compris : chic et pas cher et bien situé. J’ai une idée d’un petit hôtel dé-li-cieux que vous allez a-do-rer » (bien détacher les syllabes à dé-li-cieux et a-do-rer, c’est important…). Alors là, je sais que je vais faire trois devis : je commence par faire un truc chiadé qui va bien (non pas un petit hôtel délicieux, mais une espèce de chose clinquante, avec mille étoiles et vomissante de luxe), que je vais sur-marger comme une cochonne (ça fait peur au client, mais une fois sur 50, il ne se rend pas compte que c’est hors de prix, et il achète…) ; ensuite, (une fois le client qui s’est étranglé rappelle), je lui envoie un truc à la con un peu en dessous du budget (mais avec des descriptifs qui font peur) et au même moment, j’envoie le truc sympa, 20 à 50% au dessus du budget avec des photos chouettes qui donnent envie…. Toujours avec le même mail d’accompagnement : « la deuxième proposition permet de respecter votre budget et vous permet quelques extra sur place ; ma troisième offre est certes plus onéreuse, mais se rapproche de la qualité de l’hôtel proposé hier pour un prix bien inférieur. Je pense que c’est la meilleure option ». ça marche à peu près à tous les coups…
En plus de mes clients, je suis aussi la nana toujours dispo' pour aider les autres filles du comptoir. En fait, comme je suis la plus ancienne dans l'agence (après Isa qui fait partie des meubles), je suis une espèce de référence pour les autres. C'est pour ça que je revendique le titre de chef de comptoir... ça fera l'objet de mon prochain post...
à suivre...

jeudi 20 mai 2010

Commercial, je t'aime

Mardi, je ne savais pas ce qu’ils avaient tous… normalement, on en voit un ou deux par semaine, mais là… ils ont débarqué à 3 reprises à l’agence. Je crois que je pourrais les reconnaître entre mille : le cheveu brillant et impeccable, les pompes bien cirées et de plus en plus pointues (ce qui n’est que justice, car il n’y a pas de raison qu’il n’y ait que les filles qui souffrent à cause de leurs chaussures…), le costume bien coupé, les dents blanches… Je ne sais pas comment ils arrivent à mettre dans leurs cartables autant de brochures, de manuels de vente, de flyers divers et variés… du coup, ça doit peser une tonne et ça leur fait de jolis bras… J’évoque ici bien sûr les commerciaux…

Anyway… le commercial tourisme passe sa life en éductour (je n’ai pas encore écrit mon post sur les éductours d’ailleurs… bouge toi un peu ma fille… tu l’as promis…) donc, il a plutôt une jolie mine. Certes, il arrive qu’en éductour, il doive à la fois faire le clown, l’assistante sociale, le garde-chiourme, l’infirmière et le pompier sexuel donc… le commercial a parfois des petites cernes… mais il arrive en général à les camoufler (à peu près) grâce au soutien sans faille de l'auto-bronzant et des lunettes de soleil…

Le commercial tourisme n’est pas non plus un travailleur acharné devant l’éternel. Je ne tiens pas à faire ma gossip-girl mais j’en fréquente depuis neuf ans, alors ils commencent à se confier un peu… Pas facile d’arriver avant 10h dans les agences, pas question de venir entre midi et 14h (mais bon… il nous arrive bien souvent de leur proposer de rester déjeuner au bistro du coin avec nous…) et surtout pas après 17h. Je recompte : 10h30 / 17h : Ça fait pas vraiment des grosses journées…. Et qu’on ne me raconte pas qu’ils ont des trucs à faire genre préparer leurs rendez-vous et rédiger des rapports de contacts… parce que sinon, le lundi, ils font quoi ? (branler la girafe en réunions… bon, d’accord…)

En fait, j’aime bien mes commerciaux (c’est politiquement incorrect ou j’ai le droit de dire que je suis un peu tombée amoureuse 2 ou 3 fois ?) mais bon… on n’épouse pas un mec qui passe sa vie à emmener des minettes d’agences de voyages visiter des hôtels au Maroc ou à Maurice… pour peu qu’il bosse pour un petit TO ou une compagnie européenne non-européenne, le commercial se voit aussi attribuer un secteur à la con genre 20 départements dont on ne sait même pas où ils sont… et imaginer mon futur chéri à l’Ibis de Cherbourg ou de Dijon, je ne peux pas… parce que si le commercial TO a dragué la Léa de l’agence *>§@é&*$=µ% à Paris Nème arrondissement (certaines info’ sont censurées… je ne vais quand même pas vous dire où je bosse non plus…) il est capable de faire du gringue (quoi ? j’ai écrit « faire du gringue » ? penser à demander à ma grand-mère d’arrêter de rewriter mes posts), il est capable, ce salaud là, disais-je, d’énerver sexuellement une petite écervelée d’une agence de Cherbourg (ou pire, de Dijon) et de lui faire son affaire dans une improbable chambre d’hôtel Ibis. Tout ça pour prendre des parts de marché… Et ça, c’est insupportable.

Alors… puisque je ne les épouserai pas, voici quelques messages perso’ pour mes commerciaux préférés et aussi pour tous les commerciaux du monde qui démarchent les agences de voyages… (mes sœurs en agences, ne me remerciez pas… je fais ça par pure abnégation pour nous faire gagner du temps à toutes…)

1 - Non, vous ne dérangez pas, et on est même assez contentes de vous voir mais (parce que oui, il y a un « mais »), on n’est jamais assez nombreuses au comptoir, ce putain de téléphone n’arrête pas de sonner, et non… on n’a pas trop le temps ! mais si… mettez vous là, on est à vous tout de suite (enfin « à vous » façon de parler… reste clame mon garçon…)

2 - On se fout comme de l’an 40 que vous ayez 12% de capacité en plus sur les charters du mardi ou que vous lanciez la Bulgarie cet été. En revanche, on veut bien des infos précises et concrètes sur les nouveaux hôtels qu’on ne connaît pas, que vous nous indiquiez les 2 ou 3 trucs sympa qu’on pourrait mettre en valeur pour convaincre les clients que là… oui, ils peuvent y aller les yeux fermés…

3 - Quand vous évoquez un hôtel et que vous dîtes « réfectoire » au lieu de « restaurant », on comprend que c’est du vécu et que le lapsus est assez révélateur… alors, n’essayez pas de vous raccrocher aux branches. Si vous êtes allés en éductour (avec d’autres agences parce que nous, on n’a pas été invitées), on aimerait bien que vous nous disiez honnêtement que la photo sur la brochure, là, en page 38, elle est truquée et que non, y’a pas la mer face à l’hôtel… surtout si vous le savez. Ça nous éviterait de nous prendre une volée de bois vert au retour des clients à qui on a vendu un truc en vous faisant bêtement confiance.

4 - Si on vend une desti’ chez vous et pas les autres, c’est qu’il doit y avoir une bonne raison : alors essayez de comprendre pourquoi on ne vend que celle là (ou, au moins, posez nous la question…) plutôt que nous baratiner sur la desti’ que vous aimeriez bien qu’on vende (essayez juste d’accepter le fait que vous n’êtes pas tout seul sur la desti’ en question)

5 - Les commerciaux des compagnies aériennes… si on a vendu une fois un Paris / Bangalore en business à une société qui d’habitude n’achète que du Paris / Bordeaux, et qu’on ne sait pas pourquoi ils ne sont pas retournés à Bangalore depuis, c’est parce qu’on ne demande pas systématiquement à nos clients ce qu’ils vont foutre à Bangalore. Parce que ça ne nous passionne pas… on comprend que vous adoreriez qu’on en vende tous les jours mais, on ne va pas proposer aux sociétés de retourner à Bangalore quand elles ne nous appellent que pour réserver des Paris/Bordeaux. Mais on n’a pas de problème à vous filer le numéro de la société en question. Mais (mon garçon), tu perds ton temps, là…

Alors, sinon… ceux que j’aime :

1 - Les commerciaux qui se souviennent de nos prénoms et qui ne nous donnent pas du « ma cocotte » ; je ne suis la cocotte de personne (même s’il m’arrive, je le sais, de roucouler un peu… mais c’est pas le même oiseau, merci)

2 - Ceux qui savent se servir d’Amadeus. Et s’ils connaissent le format spécifique à leur compagnie pour tarifer les négo’, c’est mieux… pare que comme y’a pas deux compagnies qui font la même chose…

3 - Ceux qui vont droit au but mais qui ne récitent pas leur leçon (genre : ceux qui nous épargnent les discours sur les augmentations de capacité sur la Bulgarie). Parce qu’ils nous écoutent et essaient de cerner nos besoins avant de nous vendre leurs salades (moi, je fais comme ça avec mes clients : ça m’a l’air d’être juste du bon sens, mais visiblement, tout le monde n’en est pas doté…)

4 - Celui qui me parle murmure des mots doux comme si j’étais une princesse, qui trouve ma conversation passionnante, qui a l’œil turquoise qui pétille, qui a toujours une invit’ pour des séjours gratuits « parce qu’il faut bien que je connaisse pour bien vendre ». Alors lui, je ne le connais pas. Si quelqu’un pouvait me filer son téléphone…

lundi 17 mai 2010

Revue de bonnes nouvelles !

Ca a été tranquille à l’agence aujourd’hui et que j’ai eu le temps de penser au billet que j’allais poster ce soir. Je voulais parler des éductours. OK, en journalisme, ça s’appelle un marronnier et je ne suis sans doute pas la première agent de voyages à parler de ce douloureux problème dans un post ou un commentaire de newsletter.

Et puis j’ai changé d’avis : Je viens de recevoir la newsletter quotidienne de pros-du-tourisme.com. Un condensé de petits bonheurs qui font la vie belle aux agents de voyages. Je vous lis les 3 premiers titres :

1 – « violences à Bangkok : les TO tiennent bon » : bon, OK, ils tiennent bon, mais comment vendre un premier voyage en Thaïlande en contournant BKK ? Etd e façon générale, quand l’état d’urgence est déclaré dans 15 provinces… Et puis, la Thaïlande, c’est un peu le best seller de l’agence (et de la plupart des autres j’imagine) en Asie. On résume : c’est le bordel…

2 – « Volcan : le trafic est à nouveau perturbé en Europe » : Aaahh ! ça c’est cool… Amsterdam, les aéroports britanniques et toute l’Irlande, deux fois rien on vous dit… UK, c’est pas trop grave pour nous : on ne vend pratiquement que du Londres… et on le fait en train... Paris/Londres en avion, je trouve qu’il faut être un peu vicieux… et puis comme British Airways était en grève (tiens… on n’en parle pas beaucoup des grèves des compagnies aériennes…), on a évité de vendre des vols via Londres… Amsterdam, c’est plus embêtant rapport à l’alliance AF-KLM, mais bizarrement, on est passés au travers… l’Irlande, on ne vend pas beaucoup… C’est vrai, aller voir des rouquins sous la pluie, bof… Vous connaissez la légende qui dit qu’il peut faire 18° en été en Irlande : ben oui, 7° le matin et 11° l’après-midi…

3 – « Crash d’un avion de Pamir Airways » Ahh… ça faisait longtemps (mouais… 5 jours). Alors là… on cherche : Pamir Airways ? D’où ça sort ça ? Ah… c’est afghan… Bon, c’est vrai : on ne vend pas tous les jours du Kunduz-Kaboul… Visiblement, ça ne marchait pas trop fort : 38 pax et 5 crews… Les boules quand même…

Je vous fais la suite ? « SNAV, plus de 500 consultations du kit juridique » (je les crois : bigboss a passé sa journée dessus…) « Thomas Cook, les résa augmentent sensiblement » (quand on lit, on comprend qu’il y a de quoi être satisfait : une baisse de CA de 5%, des pertes limitées et des réservations « sensiblement perturbées ». Ah ben oui, y’a de quoi de réjouir ! Autre chose en magasin ? « Nuage de cendres : Ryanair écope de 3 M€ d’amende » (comme disait un internaute : quand on prend des compagnies de merde, il faut s’attendre à un service de merde) et « Grèce : 20 000 nuitée annulées à Athènes ». Vraiment… y’a de quoi se réjouir !

Bon… là où je vais me réjouir, c’est qu’en quelques jours (5…), j’ai 29 amis sur facebook (pas sur mon profil perso : sur celui de Lea agentdevoyages). Et à peu près que des pontes du tourisme, hein ! Je suis assez fière… Y’a même des gens qui me demandent spontanément d’être leur amie… Et puis, je reçois des p’tits messages d’encouragement et même une proposition de rencard ;-) Bon… maintenant, il va falloir que je réponde à une question importante : que vais-je faire de ce blog ? A la base, c’était juste pour moi l’occaz’ de pouvoir l’ouvrir… parce que dans les journaux, y’a que des big boss qui disent ce qu’ils pensent (et général, c’est pour faire de l’autosatisfaction) et qu’on ne laisse pas souvent la parole à l’agent de comptoir blonde de base… Et ben l’agent de comptoir blonde de base, aujourd’hui, elle est contente : parce qu’elle n’a pas que deux départs sur la Thaïlande en mai/juin et c’est pour des clients sympa qui comprennent que si on leur change leur itinéraire, c’est pour leur bien… parce qu’elle n’a pas de pax bloqué rapport au volcan, parce qu’elle n’a jamais vendu de billet sur Pamir Airways, parce qu’elle a de nouveaux amis facebook qui ont réussi dans le tourisme et qu’elle s’est un peu fait draguer… Et comme il fait 17° à 17h43, elle va peut-être boire un panaché en terrasse dans 30 minutes… Pour le post sur les éductours, on verra dans la semaine…

mercredi 12 mai 2010

On n'a pas des métiers faciles

Bon. On n'a pas des métiers faciles…

La semaine dernière, Marsans pliait. Les packages à 799 € all inclusive en Rep’ Dom’ qui faisaient le bonheur de mes clients VDM en début décembre ou fin janvier, c’est fini… Pour les croisières en goélette en Croatie, je trouverai sans problème un autre fournisseur… mais j’aimais bien aussi proposer avec Marsans Cuba à la carte et les croisières dans le super grand Nord en juin/juillet : je rêvais moi aussi d’aller un jour en Islande, aux îles Féroé et au Groenland… et je fayotais un peu auprès de Marsans pour bénéficier un jour d’une promo agent de voyages… je vais recommencer à fayotter… mais sur un autre fournisseur...

Hier, on avait ce salaud de machin islandais, là… Eyjafjallajokull (essayer de prononcer ce truc à peu près correctement, puisqu’il semblerait qu’il faille s’habituer) qui recouvrait l’Andalousie et la plupart des aéroports marocains. Vendre le Maroc en mai, c’est pas le truc le plus exceptionnel de la terre… mais c’est quand même moins la cata’ que le mois dernier… parce que là, tout le monde était bloqué en France !

Sinon ? Un truc pour se réjouir ? Pour oublier la météo morose ? Euh… j’ai un pote qui a reçu hier sa convocation pour aller se faire vacciner contre la grippe A. On avait presque oublié qu’on s’était aussi chopé ça ces derniers mois… Pas trop de tremblements de terre recensés ces dernières semaines… On a bien les Thaïs qui se tapent dessus (du coup, on doit adapter les circuits en Thaïlande, mais bof… ça, c’est presque la routine…)

Ah ! un crash d’avion. Ça faisait longtemps… Je ne vais pas me répandre en commentaires sur ce sujet parce qu’Afriqiyah, je ne connais pas bien ; la Libye, je ne vends pas. Mais quand même, ça commence à devenir sérieusement anxiogène ce boulot… J’ai l’impression que chaque matin, on nous lâche un truc supplémentaire pour nous en remettre une couche. Genre « Prends ça. On essaie chaque jour de te décourager de faire ce boulot… t’en veux encore ? Allez, je te balancerai une autre saloperie demain »

Alors voilà ma journée : les clients qui flippent, qui s’informent sur ce qui va se passer « des fois que » ce week-end, il y ait encore un détournement de nuage de cendres (fou ça, le nombre de clients qu’on fait partir ce week-end). Ah oui, j’aime bien aussi le « vous travaillez vendredi ? » (oui, Madame, je serai là… non Madame, on ne fait pas le pont…). Et ce soir, pas de Nouvelle Star avec les copines : y’a du foot sur M6. Quelqu’un a une bonne idée pour une occupation sympa demain ? Je comptais faire un pique-nique aux Buttes Chaumont avec des potes… je pense qu’il va falloir qu’on réfléchisse à un plan B. Quoi que… un pique-nique avec un temps de novembre, c’est exotique. C’est comme un avant goût de vacances.

Léa, je m'appelle Léa, je suis un fille... comme les autres

Je suis la fille sympa derrière son comptoir qui vend des beaux voyages à des clients chics et sympa'. Oui "chics et sympa'" parce que dans le quartier où je bosse, y'a du financier trentenaire en chemise blanche et aux dents assorties. Chic et sympa. Comme ses voyages. Parfois, je rêve d'être une minette à financier trentenaire. J'ai déjà fait le programme de l'année idéale pour quand je l'aurai épousé. (parce que c'est clair, je vais m'en trouver un, et vous serez toutes jalouses)
- Janvier : 8 jours à Cuba (genre Grace Kelly cheveux aux vents dans une vieille américaine).
- Février : week-end aux Arcs. (p'tit cul est un skieur hors pair, c'est sûr)
- Mars : juste une petite thalasso' ; p'tit cul a beaucoup bossé. Il est crevé.
- Avril : week-end à New York. Obligé !
- Mai : rien. Juste un week-end de pont dans la maison de ses parents en Bretagne (Deauville, c'est naze depuis que Top Résa est à la Porte de Versailles). A l'occasion, penser à ne pas faire tomber le 1er mai et le 8 mai des samedis. Et dire qu'on va travailler pour les vieux le lundi de la Pentecôte....
- Juin : j'peux pas. Je suis débordée par les VDM.
Et là, je me réveille... C'est plus le moment de penser à p'tit cul. Le téléphone sonne.

Bien entendu, le "financier-à-qui-tout-réussit-et-qui porte-le-costume-un-peu-serré (et qui lui fait un p'tit cul à se damner) est une proie désirée. Penser à aller suer au Club-Med Gym' pour essayer de le recroiser. On ne se fait pas un cul comme ça uniquement en montant les escaliers de la Société Générale. Je suis une fille sympa, mais je suis aussi une fille très seule. Parce qu'à part les eductours, les présentations de brochure organisées par les TO et les soirées Nouvelle Star avec les copines... c'est assez calme en ce moment...

Le problème, c'est que je ne suis pas la seule célibattante à l'agence. On est 4 minettes-sympa-la-trentaine-insouciante à traquer le beau gosse en scred derrière nos Amadeus. Avant, y'avait Max en plus qui matait... Mais il s'est casé. Penser à vous reparler de Max. L'oeil de biche et le sourire ravageur. Trop gentil : un sucre ce mec. Jamais lourd mais toujours une bonne blague à raconter. Et puis attentif avec ça : je me fais raccourcir la frange de 5 millimètres ? Max le voit. Et il me dit que ça agrandit mon regard. J'ai un nouveau t-shirt ? Max me fait un compliment. Il me va super bien. Et Max, question look, il assure. Toujours tiré à quatre épingles. Cool, mais chic. Toujours bonne mine. Toujours sympa.
Le mec idéal. Max est gay. Bien sûr. Max est agent de voyages.

Les 4 minettes de l'agence l'adorent. Les clientes l'adorent. Son Jules aussi. Jules est patron d'une PME high-tech' qui exporte dans le monde entier. Jules achète ses billets à l'agence. Max était très très gentil avec Jules qui avait une jolie voix. Max lui trouvait toujours des hôtels "super bien placés". C'est comme ça que j'ai appris qu'il y avait des quartiers gay dans toutes les capitales. Jules était touché de tant d'attentions et a voulu offrir un verre à Max pour le remercier de tant de sollicitudes. Le lendemain, Max est arrivé au bureau en rigolant que "aujourd'hui les filles, j'travaille debout !" (oui, Max est über chic...)
Pfff... Y'a d'la veine que pour la canaille...

mardi 11 mai 2010

Devinez mon prénom.

Je m'appelle Léa. Enfin, vous m'appelez Léa. Quand on embrasse une carrière d'agent de voyages, ça fait partie des trucs qu'on doit accepter : changer de nom... Ma mère et celles de mes copines, c'est Nicole, Martine et Monique. Mes copines de 40 ans, c'est Nathalie, Isabelle et Christine.
Dans ma classe de BTS Tourisme, on était 6 filles à s'appeler pareil. Alors forcément, quand on est arrivée en agence, notre prénom était "pris" par une autre.

Le jour où j'ai commencé (au call center d'une agence web, comme tout le monde), on m'a demandé si je voulais prendre mon 2ème prénom... Franchement, qui a envie de se faire appeler Micheline ? surtout quand on a un prénom normal... On m'a proposé de m'appeler Léa. Je n'imaginais pas rester dans cette usine agence éternellement, alors Léa ou autre chose ? Tout sauf Micheline... (Micheline, c'est ma vieille tante frigide et catho... rien à voir avec moi) Le problème, c'est que quand on est affublée d'un prénom d'emprunt, on finit par... se faire un prénom. Et quand je suis arrivée dans la deuxième agence où j'ai été embauchée, mes collègues connaissaient déjà "Lea". Les commerciaux des TO aussi d'ailleurs. Alors voilà...ça fait presque dix ans que je m'appelle Léa. Et je commence à m'habituer.










L'autre jour, j'ai passé une résa chez Thalasso n°1. Le mec avait une jolie voix, un débit agréable, il était efficace, vif. Je me disais qu'il n'était peut-être pas gay... J'aimerais bien avoir un Jules chez Thalasso n°1 pour avoir des p'tits week-ends bien-être en bord de mer... J'avoue avoir pris ma voix d'hôtesse de l'air. On s'échange nos prénoms à la fin de la résa.
- Lui (très pro' quand même) : "ton prénom ?"
- Moi (doucereuse, genre on me drague en boite de night, je fais mon agace-pissette) : "Léa et toi ?"
- Lui (détaché, l'air du mec à qui on ne l'a fait pas quand même) : "José"
Là, une petit voix me dit "p'tain... encore raté !"
- Moi (effondrée, genre on vient de m'annoncer la fin du monde) : "OK José, merci, ciao"
- Moi (dans ma tête de pauvrette célibataire) : "oh naaaan, José, c'est pas possible..."

Papa, Maman : José.
José : Papa, Maman.
Non. Pas possible. Je ne peux pas présenter un José à mes parents.
Ou alors, partir s'exiler au Portugal.
Non. Rien que de penser à ce José, j'ai eu du Linda De Sousa en tête toute la journée.
Essayer de penser à autre chose.