mercredi 15 septembre 2010

Big-Boss me propose une promo’ (et pas « un voyage en promo’ »)

Quand Big-Boss a monté l’agence (ça fait quatorze ans maintenant…), il était commercial groupes et sociétés pour une très grosse agence… Quand il est parti. Il a entraîné avec lui sa collègue : Isa’ dont le désir pour Big-Boss se voit à peu près comme si elle avait un poireau sur le nez.


Tout de suite, ils ont embauché une puis deux billettistes pour s’occuper des sociétés. Et Isa’ s’est concentrée sur les groupes et la paperasse. Quelques années après, Big-Boss a voulu développer le tourisme, et il a embauché Agnès, qui a fait des merveilles. Une perle cette Agnès.


Qu’est ce que j’ai pu en entendre parler de celle là… Alors qu’aux sociétés, les filles partaient au bout de six mois ou un an, Agnès a été par-faite pendant sept ans. Un rayon de soleil. Jolie, Chaleureuse, Compétente, Jamais un mot plus haut que l’autre. Les clients l’a-do-raient. Sauf qu’un jour, Agnès et son mari ont pété un plomb : ne supportaient plus Paris… tour du monde en bateau… ça devait durer un an. Aux dernières nouvelles, ils sont toujours en Thaïlande à tenir une guest-house un peu crapouille à Krabi. Adieu soleil, chaleur, sourires, compétence…


Catastrophe ! Impossible de trouver une fille aussi extraordinaire qu’Agnès. Il y a eu plein de « nouvelles » qui sont restées quelques semaines à peine, Isa’ est passée au comptoir. Elle ne s’en sortait pas. Ils ont fini par embaucher deux filles au tourisme du coup… Et puis un jour, Big-Boss m’a embauchée. Parce que je lui rappelais Agnès « en plus jeune bien entendu ». Ben forcément… Début de l’histoire.


Et six mois après mon arrivée, on n’en entendait plus parler d’Agnès. Mais les habitués disaient « qu’est ce qu’elle est bien la p’tite blonde ». Et puis, j’ai formé à mes méthodes toutes les nanas qui sont arrivées ensuite : Muriel (partie depuis). Amandine, puis Sophie et Alexandra (parties aussi) puis Coralie et enfin SoniaOn n’a pas eu un départ depuis 3 ans. Là, on est installées dans nos postes et l’agence marche super bien !


Lors de la réunion traditionnelle de la rentrée, Entre chiffres, objectifs, perspectives, etc… Big-Boss nous a lâché deux infos : 1 – Coralie est enceinte, et comme on est au taquet, on prend une fille en CDI pour remplacer Coralie puis renforcer l’équipe (et accessoirement, les filles du comptoir ont leur mot à dire sur le recrutement) ; 2 – il veut lancer un site web dédié au Maroc pour booster la destination (qui est déjà la plus grosse de l’agence).


Et puis quatre jours après, il m’invite à déjeuner. Il avait l’air soucieux. Limité énervé. J’ai flippé parce que je croyais qu’il avait découvert mon blog. C’est vrai que je suis pas très tendre avec la grosse Isa’ dans le blog. J’ai des « copines facebook » qui m’ont dit que j’y allais un peu fort… je vais essayer de me calmer.


En fait non ! rien à craindre… il m’a tourné autour pendant des siècles pendant que je gargouillais du ventre (et les entrées qui n’arrivaient pas…) pour me dire que voilà.. j’avais « 6 ans d’ancienneté », que j’étais « arrivée au top de ce que pouvait faire une vendeuse » (bla bla bla), « faisais un super gros chiffre »,(bla bla bla) « souriante, sympa » (bla bla bla) (blabla), « entrainante, consciencieuse, complètement autonome »« élément précieux », « avenir dans l’entreprise », « accompagner le développement » tout ça… (je vous l’ai fait rapide, parque ça, c’était le kir + les 15 minutes d’attente + mon avocat-crevettes qui avait fini par arriver et que j’avais englouti alors que lui n’avait toujours pas touché à son saumon fumé…)


« Bon… concrètement » a-t-il ajouté… et là je me suis dit « ah. c’était que l’introduction »… « Il faut que tu évolues pour ne pas te scléroser dans ton poste ». Là, j’ai relevé ma mèche. Puis mes yeux. Enfin un sourcil. « Franchement, est-ce que j’ai l’air de me scléroser ? ».Voilà. J’avais réussi à en placer une.., Big-Boss n’avait toujours pas touché à ce saumon, je sentais mon poulet qui arrivait, et il repartait sur un monologue « changer avant de s’ennuyer », « évolution naturelle », « ambition », « apprendre quelque chose de différent », « mérites une promotion », « mener un projet » et là, j’ai compris : « Tu veux que je m’occupe du site web sur le Maroc ? », Son visage s’est illuminé. « ça me fait VRAIMENT plaisir que tu aies envie de t’en occuper ».


Là, j’avoue, j’ai paniqué Comment réagir ? Je n’ai pas du tout envie d’être toute seule dans un coin à m’exciter contre un ordi qui ne marche pas et une photo aux dimensions capricieuses à intégrer à texte trop long. Ou trop court. Pas du tout envie de passer les trois-quarts de mon temps sur une seule desti’ (surtout le Maroc où je pense ne plus rien à avoir à apprendre) et encore moins de lâcher les filles du comptoir. A ce rythme là, dans deux ans, je suis comme Isa’


Respiration. Concentration. A moi ! Là j’ai quand même dit à Big-Boss « tu devrais attaquer ton saumon fumé, il va être froid » (et surtout, j’avais peur qu’il me fasse une syncope). J’ai improvisé un p’tit speech et j’ai fait comme avec les clients qui voulaient aller en Asie alors qu’il ne me manquait qu’une vente pour gagner un challenge Kenya dont le terme était fixé le jour-même… (en gros : leur dire que la Thaïlande c’est bien, mais que le Kenya, c’est mieux ).


Je vous la fais rapide : « très contente que tu reconnaisses mon travail », « valoriser aussi le comptoir » , « besoin de variété », « pas envie de me scléroser sur une seule desti » (là, il était effondré parce que j’avais mis son seul argument à terre), (il faut que je me remette de ma rupture avec Thierry et que je me trouve un mec d’ailleurs, sinon je vais devenir folle, mais ça n’a rien à voir), « suis une vendeuse dans l’âme », « pas envie d’être concentrée derrière un écran toute la journée», « besoin de contact humain »« très envie d’accompagner le développement de l’entreprise » (c’était écrit comme ça dans Biba) « alors voilà… »


(Là, j’ai fait mon sourire n°4, celui où je vends l’assurance), je l’ai regardé par en dessous (par miracle, une petite mèche a barré mon front pile à ce moment là…) et j’ai sorti le grand jeu « puisque tu parles de promotion, j’y pense depuis l’annonce du congé mat’ de Coralie : Amandine et Sonia n’ont pas la même expérience que Coralie et moi ; c’est normal : c’est leur premier job… et puis, on va intégrer une nouvelle, et ça fait longtemps que j’essaie de faire comprendre à Max qu’il devrait se mettre au tourisme parce que les sociétés, ça ne rapporte plus rien…et puis on va être plus nombreuses ». (là, je n’en étais qu’aux préliminaires)


« je pense VRAIMENT » (là, j’ai pris l’air grave) « que le comptoir a besoin d’être structuré. Là, on est sur une organisation très intuitive, presque automatique. Mais le comptoir, c’est comme un équipe de foot » (léger blanc : ménager le suspens et parler avec les mots que Big-Boss comprend). « Tu vois, quand tu as des nouveaux dans l’équipe, en fonction des personnalités de chacun, ça peut être bien de passer d’une organisation en 4-4-2 à une organisation en 4-3-2-1, Et dans ce cas, il faut tout remettre à plat et bien redéfinir les rôles de chacun » (comme quoi, écouter ce qui se raconte à l’équipe du dimanche et pas seulement mater les cuisses des footballers ça peut servir à quelque chose).


« j’y pense depuis lundi soir : je suis sûre que je ferais une bonne chef de comptoir ; et puis les filles seraient ravies de savoir qu’elles peuvent officiellement compter sur moi » (prends ça dans les dents, la Isa qui se défausse et n’assume jamais ce qui ressort officiellement de sa responsabilité)


Big-Boss ne bronchait plus. Je me disais qu’on allait le perdre. J’étais prête à composer le 112 quand il a à nouveau ouvert la bouche. « Alors vraiment, je ne l’avais pas du tout envisagé sous cet angle » (tu m’étonnes…) il a ensuite expliqué qu’il avait bien kiffé « la finesse de mon analyse » (il n’a pas dit « kiffé » mais ça voulait dire ça), ajouté que je faisais « preuve de beaucoup de maturité » et qu’il était « très heureux de ma grande implication ». M’a posé quelques questions… limite demandé des conseils (genre, je faisais son business plan). M’a promis d’y réfléchir… et puis la cerise sur le gâteau, c’est quand il m’a demandé comment je ferais « à sa place, pour le site web Maroc ».


C’est sorti tout seul : j’ai expliqué que « tu vois, comme t’as plein d’idées, que tu es très créatif, tu pourrais bien affiner l’offre » (bien entendu, je vais quand même lui récapituler ce qui plait le plus à nos clients et avec quoi on les convainc : genre je gère bien le comptoir quoi…) et qu’Isa « qui est très structurée et excellente négociatrice, pourrait négocier des partenariats » (tu m’étonnes, ça va bien l’occuper ça, dans son placard… les mots fléchés de Gala, faudra qu’elle attende d’être rentrée chez elle pour les attaquer).


Là où j’ai assuré un max, c’est quand j’ai conclu par « A ta place, je procèderais comme ça pendant un an, Pour lancer le truc. Je crois que Sonia aurait envie de charger du Maroc mais avec le départ de Coralie, j’ai vraiment besoin de Sonia et Amandine au comptoir pendant que je coache Max et la nouvelle » (genre : c’est officiel : je gère, j’organise, je délègue, je forme) « mais touche-en lui deux mots quand même »


En résumé : maintenant que je suis presque chef, j’envoie Big-Boss au Maroc, j’occupe Isa, je motive Sonia à un nouveau challenge à moyen terme… c’est qui la reine de la ruche ?


Big-Boss a encore bredouillé des trucs où j’aurais rougi si je n’étais pas moi-même étonnée de mon culot, il m’a dit qu’il allait en parler à Isa’ et que ça serait bien que j’affine ma réflexion d’ici une petite semaine. Pour qu’on en reparle tous les 3.. (genre, ça y est, on fait un comité de direction).


C’est pas pour me la péter, mais j’ai jamais aussi bien assuré…

samedi 11 septembre 2010

Léa fait économiser le prix d’une petite-annonce à Big-Boss (déjà que j’écris gratuit pour TourMag…)

Résumé des épisodes précédents : dans ma petite agence, on est 7 : Big-Boss qui est tout le temps dehors à nous rabattre des clients ; Isa’ la comptable-assistante de direction-gestionnaire groupes-cerbère-rabat joie ; Max, un p’tit mec sexy et gentil mais ultra-gay aux sociétés… et aux ventes tourisme : moi (Léa, blonde, presque 30 ans dont 6 ans au service de cette boite et des envies de promotion), et 3 brunettes (Amandine, Coralie et Sonia, 4 à 2 ans d’ancienneté). Lundi, en réunion de rentrée, Coralie (que l’on croyait très célibataire) lâche la bombe de l’année : elle est enceinte !

Au diner, on n'a parlé que de ca : Coralie enceinte ! la cachotière que l’on croyait célibataire jusqu’au bout de la French manucure avait bien caché son jeu ! On debreifera sur l’identité et les qualités du mâle reproducteur de l’heureux papa un soir avec les filles et Max, parce que là, devant Isa’ et Big-Boss, on ne voulait pas trop la gêner avec des questions intimes... Mais il va falloir qu’elle justifie ses cachoteries : pourquoi n'a-t-on jamais entendu parler du futur papa ?

On récapitule : le terme est prévu au 10 février, ce qui veut dire que Coralie va quitter l’agence en décembre pour revenir début mai… Et Big-Boss (qui a bien compris qu’on était à fond) a décidé de recruter en CDI, d’autant plus qu’il veut monter un site web dédié au Maroc, la destination leader de l’agence. Lui qui a toujours fait attention à sa « masse salariale » (est-ce qu’on a vraiment une tête de masse salariale ?), je crois qu'il se dit vraiment qu'on va toutes craquer et vouloir fabriquer des petits camarades de jeu au futur rejeton de Coralie.

Faut dire on n'est jamais là : entre les vacances, les RTT, les éductours et les récup’ des roulements du samedi (on est seulement 4 à tourner, et il faut qu’on soit 2 le samedi…) Big-Boss a du se dire que les 4 du comptoir avaient toutes entre 26 et 32 ans, qu’elles étaient jolies et que même si on est toutes officiellement célibataires, (Coralie ne nous a rien dit alors maintenant, on soupçonne les autres d'avoir un Jules...), chacune est quand même potentiellement capable d’être en congé mat' une fois ou deux dans les 3 prochaines années…

Bon… moi, on sait bien que j'ai une vie sentimentale... heu... comment dire... Tourmentée ? Tumultueuse ? Compliquée ? Disons juste que tous les 2/3 mois, j'arrive au bureau avec des lumières qui clignotent dans les yeux et que j'annonce très sérieusement « les filles, j’suis folle amoureuse ; c'est la première fois que je me sens comme ça ». Là, Amandine me rappelle que j'ai dit la même chose quand j'ai rencontré le
bâtard mec de la BNP, le blond qui jouait au tennis (dont je n’arrive même pas à me rappeler le nom), l'agent de voyages lyonnais rencontré à l'éductour Kenya (qui était marié, ce salaud), le flic au cou de taureau qui avait enregistré la déposition quand je me suis fait voler mon i-phone, et le joli agent immobilier sensible et romantique à propos duquel j’avais perdu toute illusion le soir où j’avais montré sa photo à Max : (forcément, ce garçon était sorti avec le meilleur ami de Max… et je tiens à préciser fermement à mon futur mari qu’il ‘est pas bisexuel, merci…)

Bon tout ça pour dire que Big-Boss peut compter sur moi pendant quelque temps avant que je me mette à me reproduire. Ajoutez à ça que des filles comme moi, ça ne se trouve pas
sous le sabot d’un cheval en passant une petite annonce sur TourMag : Vous voyez ce que je veux dire ? Une fille avec de l'ancienneté, qui connait bien les clients, qui les appelle par leur nom... et qui est (accessoirement) la meilleure vendeuse de l'agence, une fille qui est un peu le pilier du comptoir* quoi... on pourrait lui proposer d’en prendre la responsabilité officielle… Non ? ça, c’est le cinéma que je me fais dans ma tête depuis quelques mois, et je compte bien profiter de l’absence momentanée de Coralie et du recrutement d’une nouvelle pour précipiter l’acte officiel de candidature !

En tout cas, Big-Boss nous annonce qu’on recherche donc un nouvelle fille au comptoir...
Amandine a suggéré un mec. « No way » a hurlé Max ; « le mec ici, c'est moi... » Après cinq minutes
de brainstorming intense, on est en arrivées à la conclusion que si on comptait sur Max pour repeupler la planète en cas de coup dur, c’était à coup sûr l’extinction de la race humaine rapido…
Il a promis qu'il se sacrifierait si la planète avait vraiment besoin de lui... Sonia a commencé à se trémousser un peu alors Max a dit qu’il allait réfléchir et qu’il réclamerait de la drogue avant de se lancer.

J'ai dit qu'un peu de virilité au comptoir ne ferait de mal à personne... Mais Max a dit que je tomberais amoureuse du niveau illico, que j'allais l’envouter, que le pauvre garçon ne pourrait plus se concentrer sur son boulot… qu’ensuite, je l’épuiserais, qu'il ne serait plus bon à rien, que je rencontrerais ensuite un autre bellâtre, que je briserais le cœur de notre nouveau collègue, qu’il allait mourir de chagrin et qu'il faudrait procéder a un nouveau recrutement. Big-Boss était mort-de-rire… et Isa
(qui a du connaitre deux hommes dans sa vie) me regardait avec envie…

Big-Big nous a expliqué qu'il voulait que « les filles du comptoir s'impliquent personnellement » dans le recrutement de la nouvelle. Là, on a arrêté de glousser : en plus d'être comptables, psy, espionnes et avocates, il voulait qu'on soit chargées de recrutement maintenant ?
En fait, son raisonnement tient debout : il nous a expliqué que c'est nous qui allions bosser avec cette fille, alors autant qu'elle nous plaise. C’est imparable comme explication.

Du coup, on a fait le profil idéal de la future collègue :
- elle a genre notre âge (
20 ans et quelques quoi…. Honnêtement, 30 ans, OK),
- elle est sympa, elle a la pêche, et ne rechigne pas à la tâche,
- elle a l'habitude de bosser sur de la création de voyages sur mesure en direct avec les réceptifs (et si en multipliant le prix net par 1,2, elle croit marger a 20%, elle peut aller postuler ailleurs),
- c'est une pro’ d'internet, et elle sait trouver la bonne info au bon endroit,
- elle est autonome sur Amadeus,
- elle a pas mal voyagé,
- elle a l'habitude de vendre l'Asie, les îles de l'océan indien et/ou la Polynésie
- elle a des copains hétéro, célibataires, beaux gosses et pas maqués (bon.., c'est pas obligé mais ce point constituera un point très intéressant et qui sera peut-être déterminant quand on en arrivera à la short list…)

Big-Boss ne veut pas passer d'annonce. Il est certain qu'avec les copines des copines, on peut trouver quelqu’un de bien... Il nous a aussi dit que les meilleurs prescripteurs, c'était les commerciaux des TO et des réceptifs... et qu'il fallait leur en parler. Ils connaissent certainement une fille bien
qui se traine un peu dans une agence pas dynamique et qui mériterait mieux...
C'est clair : il a raison : c'est grâce à un commercial que Sonia a su qu'on cherchait quelqu’un il y a deux ans… Alors voilà ce qu’on a décidé : on en parle à gauche à droite, avec les filles, on reçoit les candidates, on en présente 2 ou 3 à Big-Boss et Isa’ et à la fin, c’est eux qui choisissent…

Alors si tu te sens l'envie de bosser avec nous, envoie-moi un mail avec ton CV. Mes coordonnées sont sur Facebook. Et je te préviens, bientôt, ta chef, c’est moi ! Parce que la nouvelle, faudrait quand même pas qu’elle ait des ambitions !

jeudi 2 septembre 2010

Coralie nous fait un enfant dans le dos

Un des nombreux avantages de mon agence, c’est qu’on ne fait pas des réunions sans arrêt… Quand j’entends toutes mes copines me raconter leurs interminables meetings où chaque petit chef se fait mousser , les quelques moments où on « se réunit » à l’agence me paraissent toujours de courts intermèdes de bonheur…


En gros, on se voit à peu près deux fois par semaine pendant 15 à 30 minutes et on parle d’un sujet précis. Un seul à la fois.

Exemple : les hôtels à Maurice. Lesquels ? pour quels clients ? avec quels TO ? Chacune arrive avec ses idées, Isa nous fait la compil’ des avis de nos clients et de ceux qu’elle a chopés sur tripadvisor, elle a aussi fait un tableau comparatif des TO, on compare, on décide, et hop ! on en a pour la saison… et on passe à autre chose !

Mais 3 fois dans l’année, on a LA BIG REUNION avec Big-Boss. 8 jours avant, il commence à martyriser Isa’ : il lui faut des tableaux dans tous les sens, des trucs à double entrée, des camemberts en couleurs… elle doit les refaire douze fois parce qu’il veut à chaque fois des trucs différents… mais le jour J, c’est toujours impec ! 3 fois dans l’année donc, on se fait des réunions sérieuses tous ensemble :

- fin janvier, il nous sort tous les chiffres de l’année pour nous dire qu’on a bien bossé "mais que bon, sur tel type de produits, on a progressé moins vite que sur d’autres,


- en juillet, il nous sort le résultat à la moitié de l’année et se risque à faire un pré-bilan de l’été (en juin dernier, il nous a jute dit que l’été n’était pas fait, comme si on ne l’avait pas remarqué). De toute façon, avant, juillet/août, ça voulait dire quelque chose… maintenant, c’est des mois normaux…


- en septembre, il lance toujours une idée de développement… et en général, c’est là qu’il dit qu’il faudrait recruter une autre fille…

Mais la semaine dernière, il nous a prévenu qu’il avait un truc à nous annoncer et qu’ensuite, on irait fêter ça. Vous avez bien lu : une annonce qui se fête. Toute la semaine, j’ai tenté de faire fonctionner mon neurone… le seul truc que je voyais, c’est que Coralie me regardait bizarrement et je sentais qu’elle avait quelque chose à me demander. Et puis samedi, elle m’a appelée pour me dire qu’elle avait un truc à me dire, que ça avait un rapport avec la réunion et que ça serait bien qu’on prenne un verre. Là. Tout de suite. Elle m’a dit aussi que je ne devais rien dire jusqu’à lundi.

Alors je n’ai rien dit… mais c’est vrai que l’annonce, c’est une bombe !

Je vous fais le récap’ de la réunion rapido :


1 – les chiffres : Là, Big-Boss a tourné autour du pot pendant au moins 20 minutes. (ça démarrait mollement sa réunion). Il est remonté à la préhistoire, nous a rappelé qu’en 2006, on était 4 et des trucs qu’il nous avait déjà dit en janvier et en juin… On sentait bien qu’il avait du mal à cracher son truc, mais voilà , il a balancé l'info' : on a toujours progressé de genre 20% par an, à fin juin, on était à +7% par rapport à 2009, et à fin août, on est à +2%. Ben oui, on avait bien remarqué que cet été, c’était mollasson.


En détail, ça donne :

- Top 5 destinations en nombre de pax : 1 : France, 2 : Maroc, 3 : Espagne, 4 : Italie, 5 : Kenya

- Top 5 destinations en marge : 1 : France, 2 : Maroc, 3 : Kenya, 4 : USA, 5 : Italie

- Répartition de la marge par type de produits : TO 28%, Fabrication 55% (FIT 50%, groupes 5%), Assurances 6%, vols secs loisirs 1% et billetterie sociétés 10%

- Plus gros fournisseur depuis le début de l’année : notre réceptif au Maroc (avant, c’était Jet Tours…)


2 – L’équipe : Alors là, j’ai cru qu’on allait avoir chacune une médaille : les mots dont je me souviens, c’est : « je suis pleinement satisfait » (tu m'étonnes !), « implication de chacun », « bonne ambiance », et qu’on est « des pro a la fois techniquement et commercialement ». Et puis il a dit « le panier moyen augmente grâce aux ventes additionnelles ». Ben oui, c’est la technique : on connaît les destinations, on sait ce qu’aiment les clients… alors en plus du billet avion et des 3 nuits d'hôtel, on s’arrange pour fourguer des presta complémentaires… En même temps, on a des comm’ sur les assurances, les locations de voiture, les visites et excursions, etc… alors on se bouge !


3 – Les orientations (ce que Big-Boss veut qu’on fasse de la boite)


- La part de la fabrication (déjà 55% quand même) doit encore croitre,


- Seules les desti affrétées et circuits accompagnés doivent passer par les TO. (Là, j'ai dit que si notre première desti’, c'était la France, c'est parce qu'on faisait beaucoup de bien-être, et que sans thalasso n°1 je ne savais pas faire...) Big-Boss a froncé les sourcils, Isa’ a dit que je n’avais pas tort, et Big-Boss a grommelé « Bon, c'est ok pour la thalasso ». Il a réfléchi quelques secondes et a dit à Isa qu'il fallait regarder les centres qu'on vendait le plus pour voir si on pouvait négocier en direct…


- J'ai ajouté « et les croisières ? » pour faire ma maligne et Big-Boss a répondu qu'un bateau de croisière, c'était un affrètement (mouais.. suis pas sûre, mais ça m'a rabattu mon caquet)- Il veut créer un site web sur le Maroc à la carte pour booster encore plus la desti’. Sonia a dit que pour faire un beau site web, il fallait avoir de belles photos et qu'elle se dévouait pour aller sur le terrain (c'est vrai qu'elle a un vrai talent de photographe...)


- Y'a l'histoire des sociétés. Big-Boss a ben compris qu’on ne facturait pas grand chose sur la billetterie… Alors il veut augmenter les frais sur les billets et pousser les hôtels de charme pour rendre « un vrai service personnalisé à nos clients sociétés ». Max a fait un peu la gueule. J'ai dit que je pouvais aider pour la sélection des hôtels de charme… Max ne se rend pas compte qu'un jour, on arrêtera les sociétés et que s'il ne sait pas conseiller sur un city break, il sera condamné au bagne (ou pire : à aller bosser chez wangonlit à Belfort). Le prendre entre 4 yeux pour lui expliquer.


4 - et puis y'a eu la bombe !


Big-Boss nous a dit que « Coralie avait un truc a nous dire.. » Alors, on s’est toutes tournées vers elle. Elle s’est tortillée sur elle-même, a un peu rougi… et nous a expliqué que voilà.. La trentaine... La maturité… Faire quelque chose de nouveau... Qui allait changer sa vie... Mais que c'était pas parce qu’elle partait qu'on était plus copines... Et Max a pousse un hurlement « il est pas question que tu partes, mais tu vas où d’abord ? ». Coralie était contente de son petit effet et a dit « je pars juste 4 ou 5 mois... parce qu'en janvier, je crois que je ne passerai plus derrière le comptoir tellement je serai grosse. »


Tout le monde lui est tombé dans les bras, Isa et Max ont pleuré... J’ai essayé de ne pas surjouer la surprise (Coralie m’avait dit samedi...) Bon ben voilà, y'avait bien les horribles chiards de Big-Boss (mais ça compte pas : ils étaient la avant nous)… mais on n'avait jamais eu de femme enceinte à l’agence. On est bien sur ravies pour elle, on a toutes réclamé d'être la marraine, et Max n'en revenait toujours pas « Ben comment t'as fait ? » (Max, on va t'expliquer comment on fait les bébés..) « mais... Tu sais qui est le père ? » (alors oui, elle sait qui est le père et on ne le connait pas.. Ça fait qu'un an qu'ils sont ensemble mais elle est super heureuse et c'est une évidence que c'est lui et personne d’autre le père de ses enfants). « ah ben parce que tu comptes en faire d'autres ? » (et là, Coralie a répondu qu'il faudrait peut être qu'on s'y mette toutes parce que c'est pas que sur ses gamins qu'il faut qu'on compte pour la payer la retraite de toute l'agence,... Max a pris un air dégouté).


Bon... Se pose maintenant la question du remplacement de Coralie. On va en parler au diner... Parce que oui.. Il faut remplacer Coralie ! Avec une nouvelle embauche en CDI s’il vous plait…. Et la nouvelle à votre avis, qui va la coacher ? La future chef de comptoir ?