dimanche 17 octobre 2010

IFTM – TOP RESA 2010 – Le meilleur et le pire – par Léon et Léa…

Et voilà ! Le plus grand rassemblement annuel des professionnels du tourisme a eu lieu la semaine dernière… après 30 ans de TOP RESA à Deauville, c’est la 3ème année que l’IFTM a lieu porte de Versailles.


Léon-le-patron et Léa-la-petite-agent-de-voyages-blonde y sont allés mardi et mercredi. Comme tout le monde ! Jeudi, y’avait grève et le dernier jour, y’a jamais personne (penser à supprimer le dernier jour ? c’est peut-être la solution pour lisser la fréquentation…). Compte-rendu écrit à 4 mains… par Léon et Léa qui ne se sont pas vus sur le salon, puisqu’ils ne se connaissent pas…


Ça fait deux semaines que Léon, Léa et tous les agents de voyages de France reçoivent des millions de mails de tous les Rodrigo, Russel et Linda du monde qui du fond de leur garage s’auto-proclament « meilleur réceptif » de leur destination. Ils ont l’honneur de nous inviter à venir leur tenir compagnie les voir sur le stand Z0097. Vous savez celui au fond à droite, à côté des toilettes… personne ne le voit jamais et heureusement car le palmier en carton qui a mal supporté le voyage et l’affiche qui vante les centrales nucléaires les attraits du Touriskistan n’excitent pas l’envie...


Certes, ils nous appâtent avec une dégustation gratuite de doubitchous pour attirer le chaland… mais entre l’aspect douteux des sus-dits doubitchous et la musique traditionnelle qui casse les oreilles sur les 20 stands les plus proches, on a envie de filer loin… et très très vite…


Ils sont complètement inconscients ont du mérite à l’office du tourisme du Touriskistan de tenter de convaincre les agents de voyages français de vendre leur pays improbable (le tout dans un français approximatif mais rafraichissant). On les admire parce qu’ils savent que finalement la plupart des visiteurs passeront l’essentiel de leur temps sur les stands Amadeus, Go Voyages ou Présence à boire du champagne avec des commerciaux rutilants en cravate rose. Donc, ils se battent, ils ont faim ! Et pourtant, l’avenir, c’est eux : les réceptifs… Léa et Léon l’ont compris…


Mardi, 10h30. Première traversée pour Léon : 17 mains serrées, 14 bises maculées de fonds de teint, des sourires parfois sincères, souvent hypocrites, un tantinet envieux (et oui, l’agence de Léon marche plutôt bien) et le voilà au « village des TO ». Un joli nom pour faire oublier qu’il y a quelques années, Top Résa c’était justement eux, les TO, et leurs concours de mégalomanie avec des stands de plus de 100 m² avec voyages à gagner à chaque demi-journée.


Mais ça c’était avant les crises. Depuis tout à changé. Sauf leur optimisme débordant et les cravates roses des commerciaux… C’est vrai : tout le monde est beau, bronzé toute l’année, et on voyage à l’œil, alors pourquoi se plaindre ? « Léon ! Comment vas-tu ? Alors les affaires, c’est bien reparti, hein… ! »


« Pffff… bien reparti ? Et ta mère elle est bien repartie ? » 2010 est pire que 2009, mais la petite entreprise Top Résa ne connait pas la crise, tout le monde est euphorique, même les TO sur leurs stands-clapiers. On attend le palmarès des TO qui sortira dans la presse la semaine prochaine : là, leur « moins 22% » crèvera les yeux…


Quelques patrons honnêtes exceptionnellement lucides avouent une saison difficile. L’un d’entre eux, sur qui des bruits de faillite possible ont couru ces derniers jours, reconnait à voix basse que ce n’est pas facile mais qu’en faisant le dos rond ça devrait le faire. Bien le gars.


Un autre, que tout le monde croyait moribond, nous annonce en sautant comme un cabri la sortie de son nouveau site BtoB, « une merveille de technologie, ça va faire exploser les ventes dans les agences ». Mouais… Jusqu’à preuve du contraire, ce sont les agents de voyages qui vendent. Pas les BtoB.


Léa aussi était là… Elle avait calé des rendez-vous très pro’ avec ses réceptifs et les compagnies aériennes mercredi… parce qu’elle n’était pas certaine de se libérer mardi… mais elle est quand même venue pour vagabonder et « sentir le sens du vent ». Alors, direction le village des TO !


Elle a croisé les mêmes commerciaux que tout le monde, mais aussi les copines… Leslie, avec qui elle a passé 5 jours en eductour à Bali il y a deux ans. 12 thons, 2 gays, un beau gosse hétéro, Leslie et Léa… la morale interdit de révéler avec qui avait fini le beau gosse… n’insistez pas, vous n’en saurez rien !


Armelle, avec qui Léa a fait un stage « techniques de vente » organisé par son réseau il y a six mois. Elles avaient bien ri toute la journée et puis à la fin du stage, face à la caméra, elles faisaient moins les malignes… elle avait invité Léa à passer un week-end chez elle, dans sa ville moyenne. Jamais eu le temps…


Au stand Thalasso n°1, effervescence ! Pourtant, José n’est pas là… sans doute derrière son casque-micro à susurrer la phrase qui met Léa en émoi à chaque fois « ton code agence, s’il te plait ? ». Léa essaie d’être discrète chez eux… l’impression que tout le monde la reconnaît, et que Léa est traquée…


Et puis quelques jolies découvertes… des petits TO qu’on ne connaissait pas et qui ont l’air d’avoir de vraies spécificités… comme ce groupiste dont tout le monde parle… plaquettes, brochures et cartes de visites entassées dans le sac de Léa…


Mardi, du monde, beaucoup de monde même sur ce Top Résa version parisienne. Tant mieux, le secteur mérite de reprendre un peu de vigueur, les agences redoublent d’imagination, et les TO se battent pour évoluer, bien que l’espace occupé par les réceptifs ne cesse de s’étendre, comme le désert avance sur la savane africaine : laborieusement mais inexorablement.


Les TO font ils semblant de ne pas s’en apercevoir ? Sur le stand d’un spécialiste de l’Asie, le message est passé : le premier commercial qui chope un agent de voyages, il lui fait l’article ! Sans perdre de temps à savoir si par hasard, le commercial de l’agence de Léa a bien segmenté ses agences. Perte de temps pour le commercial qui fait l’article de ses nouveautés sur les 36 destinations traitées à Léa… le commercial attitré de Léa sait qu’en Thaïlande, au Vietnam et en Inde, elle traite avec des réceptifs… et que ça ne vaut pas la peine de lui parler de ces destinations…


Les commerciaux des TO louchent sur le badge de Léa… Alors, oui, Léa travaille à Paris Yème arrondissement… donc, son commercial, c’est machin. Il est en pleine discussion avec une petite grosse confrère mais il a croisé le regard de Léa et lui fait comprendre en 2 gestes que « là, pas le temps, mais reviens dans 5 minutes, j’en ai pas pour longtemps et je veux te voir ».


Le temps que le commercial qui a louché sur le badge de Léa retrouve qui traite le Yème, le message est compris. Il se justifie « Moi, je suis en Rhône-Alpes, machin ne devrait pas tarder à se libérer ». C’est là qu’on fait le rapprochement : mais oui, il est basé à Lyon et il en a une dans chaque port : à Dijon et Clermont-Ferrand, il ne coûte pas cher en hôtel le bougre… On a recueilli cette confidence par le commercial de Nord-Normandie qui accompagnait le voyage d’étude auquel on a participé l’an dernier.


Au fil des ans, moins de champagne, plus de rendez-vous professionnels. Les éléphants se font de plus en plus rares. Ils sont tout de même là pour la visite officiel de Môssieur le ministre, avec ses caméras et son cortège de groupies : syndicats, patrons de réseau, vieux briscards qui s’accrochent aux branches … les seuls retraités français à descendre dans la rue pour réclamer la retraite, mais pas avant 94 ans. Hé oui, difficile de se dire que les surclassements et les hôtels gratos c’est bientôt fini.


Un premier jour prometteur. Léa a rapporté quelques info’ intéressantes, mais le grand jour, c’est le lendemain… Quant à Léon, il n’a pas eu le temps de faire le tour des stands des réseaux d’agences… Il est tout de même passé devant le stand AS Voyages. Bondé ! Le champagne coulait à flot, dès le premier jour ! Ils ont quelque chose à fêter ? Peut-être leur nouveau nom ? Pas de quoi se taper le cul part terre pourtant…


-------------------------------------------------------------------------------------------------

Pour Léa, ce mercredi à Top Résa a été calme et studieux… Elle s’est rendue compte qu’elle avait vraiment beaucoup de chance de pouvoir aller à l’agence en 10 minutes de vélo tous les matins (Léa habite Oberkampf et travaille en plein centre de Paris… ceux qui essaient de la pister seront heureux d’avoir un indice supplémentaire…)


Flanquée de sa copine Elodie, institutrice de son état (elle-même flanquée du badge de Coralie pour l’occasion…), Léa a du se résoudre à prendre le métro… Heureusement, c’est pas tous les jours !


Léa avait recruté Elodie mercredi matin pour lui servir d’appareil photo ambulant… Et c’est bien sûr sur le stand de Thalasso n°1 qu’Elodie a intrigué… dans l’espoir de traquer le beau José. Chou blanc… Elodie a certes rapporté quelques photos « d’ambiance » mais rien que Léa ne pourrait poser sur sa table de nuit…


Le planning de la journée de Léa était réglé avec une précision d’horloger. Pas question de zoner dans les allées à la recherche d’un commercial aux dents blanches… Léa avait rendez-vous avec ses réceptifs préférés : Kenya, Maroc, Australie, Ile Maurice, Thaïlande, Indonésie, Inde, Argentine, ils étaient tous là…


Aux détours des stands, Léa a encore claqué des bises à quelques copines d’éductour Force est de constater que le salariat a du plomb dans l’aile. Elles sont nombreuses les agents de voyages confirmées à devenir free-lance…


Bien des modèles économiques sont proposées à ces vraies cash-machines… Certaines sont devenues « apporteurs d’affaires » et facturent des rétrocessions de com’ à des agences qui sont bien contentes de récupérer une clientèle haute-contribution, d’autres travaillent chez elles, et décrochent les lignes téléphoniques que les agences leur « basculent ». Certaines ont rejoint le réseau Twim Travel et développent « leur » clientèle et en se servant de Twim Travel pour la licence et le back-office. Elles sont payées « à la commission ».


Toutes ressentent le même bonheur. Celui d’être « indépendantes », de travailler quand bon leur semble, de ne pas être sclérosées dans une boutique, de ne pas avoir de fille genre Isa' chef sur le dos et d’être payées « à hauteur de ce qu’elles rapportent ».


Léa se dit qu’elle a beaucoup de chance : parce qu’elle a un bon salaire (pour une agent de voyages…), qu’elle aime être au comptoir avec des filles avec qui elle s’entend parfaitement, que Big-Boss n’est jamais là (et qu’Isa’ qui n’est bientôt plus sa chef, est enfermée dans son cagibi) et qu’elle a le droit d’arriver tard à l’agence de temps en temps. Alors pourquoi changer ?


Mais elle admire toutes ces consœurs qui sont tout de même sacrément couillues se sont lancées entant qu’auto-entrepreneuses ou payées uniquement « à la com’ ». Du coup, nombre d’agences ont compris qu’elles devaient ramper s’assouplir pour garder leurs « bonnes » et rémunérer l’expertise autant que le management…


Pour Léon, qui avait serré la plupart des mains le mardi, un clin d’œil complice suffisait à saluer ses confrères en arpentant les allées tout aussi combles que la veille.


Léon aime les femmes. Toutes les femmes. Son regard s’égare sur d’autres cibles, moins professionnelles mais plus agréables. Une tendance se confirme : son impression de la veille n’était pas qu’une illusion : beaucoup de jolies filles sur le salon, plus que d’habitude… (Léon a-t-il maté Léa au détour d'une allée ? Nous ne le saurons jamais)


Deux raisons possibles réfléchit Léon : soit c’est un nouveau critère de recrutement, soit il vieillit et devient moins difficile. Contrairement à de nombreux autres professionnels, ce n’est pas parce qu’il a fréquenté nombre de jeunes femmes dans les agences et les éductours qu’il les aime, mais parce qu’il les aime qu’il a choisi un métier essentiellement féminin… c’est très différent, et peu honorable, mais il faut bien une motivation pour être entrepreneur dans un secteur où les marges sont si faibles.


Un deuxième jour donc sous le signe de Venus.

3 rendez vous – 3 femmes – 3 activités.


Rendez vous 1 : Miss commercial TO.
Il n’y a pas que José qui fasse fantasmer les agents, il y a aussi Josette qui ébranle (avec un E, messieurs calmez-vous) les patrons. Josette c’est trop moche - pardon aux Josette du tourisme, on sait qu’il y en a quelques unes - donc nous l’appellerons Isa' Hélène.


Hélène a les yeux clairs le regard doux et insistant de la jeune commerciale efficace, la robe courte mais raisonnable, d’un noir sérieux mais d’une coupe évoquant une tendance gothique/SM inavouée.


Sur Top Résa, Hélène chasse… elle chasse le patron d’agence, au hasard des allées ou depuis son stand sur le village. Quand elle est un peu audacieuse elle s’attaque au gros gibier : le patron de réseau, chasse gardée de son chef mais dans ses rêves de puissance et d’insoumission elle se verrait bien ramener un tel contrat en guise de trophée.


En attendant, elle à rendez vous avec moi, un petit patron acquis mais pas très actif alors sa mission est de me pousser à motiver mes vendeuses à vendre plus. Soit. Je passe un moment agréable, elle est sympathique, pro et me parle en posant de temps à autre sa main sur la mienne, je sais que c’est une technique, « ce n’est pas aux vieux singes » etc... mais Léon adoooooore. Et en plus ça marche, il a noté dans son petit carnet de briefer les filles en rentrant sur l’excellence de ce TO et sur leur volonté d'« accompagner » son agence.


Rendez vous 2 : Sales Manager d’une compagnie aérienne internationale.
Marguerite est un gros boudin ; pardon... elle est nettement moins sexy, tailleur bleu marine, cheveux tirés. On sent qu’elle à du se battre arriver à ce poste dans notre monde de machos misogynes, sans utiliser son charme bien trop caché pour être un atout…


Discussion pro, la parole concise, négo moins évidente. D’autant que dans ce cas c’est Léon qui est demandeur. L’objectif : obtenir des tarifs TO alors que, justement, Léon n’est pas un TO. Il avance doucement, concentré et professionnel, tapi dans l'ombre, montrant un grand respect pour sa fonction, presque déférent, et souligne que si son excellence daignait accorder des tarifs à l’humble mais ambitieuse agence de Léon (qui produit sur mesure de nombreux séjour sur sa destination), Léon serait trrrrrrrès honoré…. genre : Léon fayote quoi...


Ca ne marche pas. Plus Léon valorise la fonction de Marguerite, plus elle montre que sa compagnie n’a pas besoin de l’agence de Léon pour vivre. Certes. Léon va la frapper la moche change alors brutalement de stratégie et lui sort son regard profond et mystérieux, son sourire attendri par sa féminité démasquée, et rapproche son visage de celui de Marguerite pour lui parler d’une voix plus grave. (jetons un voile pudique sur la suite de la négo)


Léon ne saura jamais ce qui a fait pencher la balance, mais c’est dans la poche. Tarifs négo’ accordés, bientôt chargés sur Amadeus.


Rendez vous 3 : Lola, réceptif en Rep Dom.

Petite femme énergique et souriante, elle vend son pays comme elle parlerait de ses enfants, avec amour et passion, en critiquant les affiches stéréotypées de l’office du tourisme qui oublie trop souvent que ce pays est aussi une destination nature et culture, pas seulement plage et jolies filles en maillots brésiliens.


Léon lui présente son agence, elle le charme par son enthousiasme et lui propose autre chose que des hôtels club à Punta Cana. Léon adhère, lui expose ma vision de l’agent de voyages idéal, qui crée des voyages sur mesure pour ses clients.


Léon et Lola sont sur la même longueur d’onde bien qu’elle soit un tant soit peu critique envers la politique de référencement des réseaux : chère et sans garantie que la promotion de sa destination et celle de sa société soit assurées. Plus ou moins vrai selon les réseaux…


Une belle journée… Léon rentre épuisé ses hormones sens dessus dessous par tant de féminité stimulante et son égo est gonflé à bloc. Contrairement à ce qu'il avait prévu, il décide de ne pas revenir le lendemain pour rester sur une bonne impression de ce salon. Il attend avec impatience le prochain. Tant pis pour les réseaux, ce n’est pas cette année qu’il changera d’enseigne.


Pour Léon, reste à traiter les rencontres et rendez-vous, à recontacter tous le monde pour confirmer les accords, à partager ces informations avec les filles de l’agence et à mettre en œuvre de quoi bien finir l’année malgré la mollesse du marché. Top Résa-IFTM aura été à l’image du marché : concentré sur la reprise après deux années difficiles, professionnel et enthousiaste, d’un réalisme très…. féminin ! Tant mieux.


Pour Léa, il faut hiérarchiser les info’, tout remettre au clair, mettre à jour les programmes types sur chaque desti’, débriefer avec Isa’ et les filles… D’autant que chacune sera allée à Top Résa-IFTM… et aura son mot à dire… Le tout entre deux clients. (à l’heure où ce post a été écrit, le 13 octobre, Léa a à peine rouvert son sac « Top Résa ». Dé-bor-dée !)


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire