dimanche 5 décembre 2010

L’agent de voyages de demain, ou Léa plus forte que le net…

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais on nous rebat les oreilles depuis des lustres (et moi qui suis jeune, j’ai TOUJOURS connu internet…) que les agences de voyages traditionnelles sont mortes parce que les clients achètent en ligne et que, quand par hasard ils osent encore entrer dans une agence, ils ont imprimé toutes les dernières super-promo-discount de dernière minute et que nous, forcement, on est plus cher. Alors, on fait des recherches pendant des heures, on bredouille que non, on n’y arrive pas, le client se fout de nous, et on est humiliés…


En attendant, il y a toujours des agences un peu partout. Et quand on a « perdu des clients » vols secs qui achetaient sur internet, on a eu plus de temps pour vendre autre chose. Et maintenant, ils reviennent en pleurant parce qu’ils ont eu des galères et qu’ils n’arrivent pas à joindre Carole Martin ou Sophie Lemaire (la gentille dame qui leur avait vendu leur billet) chez Billet-Pas-Cher.com... Un peu comme ma copine Laetitia, qui a appelé un jour Cécile de Rostand chez Vente Privée… ben, elle a été bien reçue ! (que celle qui n’a jamais pensé appeler Cerise chez Groupama me lance la première pierre…)


Moi, par exemple, j’ai beau être blonde, j’ai quand même deux/trois neurones. Tant que j’étais la petite agent de comptoir à la vue basse, je ne la ramenais pas… mais depuis que je suis responsable des ventes, je me lâche un peu… alors oui, des idées ? j’en ai…


Les photos de voyage par exemple…

Quand on part en éductour (et j’aimerais bien qu’on taise cette idée reçue « les éducours, y’en a plus » d’ailleurs : en 2010, on en a eu 16 à l’agence…), quand on part en éducour disais-je… on pend toujours plein de photos… Et bien, depuis un mois, on a dix albums photos (ça coûte genre 30 € pièce) qui trainent négligemment au comptoir « Léa au Maroc », « Sonia au Rajasthan », « Coralie à Maurice », « Léa au Kenya » etc… avec le logo de l’agence en couverture… ça n’a l’air de rien, mais ça prouve aux clients qu’on connaît les destinations..


C’est pas le truc révolutionnaire, mais les idées comme ça, ça coûte trois fois rien et ça rapporte immédiatement… c’est comme les vitrines : à l’agence, on a trois vitrines, on n’avait jamais pensé à s’en servir comme autant d’outils de communication… on a toujours eu des logos d’Air France et des totems Jet Tours, Kuoni et compagnie… depuis le 1er octobre, on a trois vitrines à thème… en fonction des derniers voyages qu’on a fait, des destinations qui sont à l’affiche dans le métro etc… donc, en ce moment « Kenya », « Oman » et « les îles »


Pas besoin d’être consultante en stratégie pour essayer de coller à l’air du temps. A chaque fois que j’ouvre mes hebdo’ préférés (ceux du tourisme, pas Elle…), je vois toujours des interviews des mêmes consultants à deux balles (je ne sais pas si vous avez remarqué, mais quand on est directeur marketing au rebut, on peut s’immatriculer « consultant en stratégie » : sur un malentendu, ça peut marcher). Vendredi, dans l’Echo, c’était « les clients adoptent le multicanal » ah boooon ?


Parce que par exemple… le client d’une banque, ça ne lui arrive jamais d’utiliser en fonction de ses besoins, un canal différent : internet pour savoir si Isa’ a fait les virements de salaire le 29, le guichet pour retirer un chéquier, le robot pour tirer de l’argent et le call center de la banque pour dire qu’on s’est fait arnaquer par un site web et qu’on voudrait faire opposition sur un paiement ?


« Le client est devenu multicanal » Ouah ! J’ai passé mon week-end à réfléchir la dessus. Mais c’est clair : moi qui pensais que si les clients venaient à l’agence, c’est parce qu’ils n’avaient ni téléphone ni d’adresse électronique. Ça alors ! je suis certaine que même les frères Bogdanov, ils n’y auraient pas pensé…

Bon. Si les agences internet veulent la guerre, elles l’auront.


Face à Opodo, Last Minute et Promo Vacances, moi je vais lancer dans mon agence Promo Minute, Ododo et Last Vacances. Et j’ai trouvé ça toute seule, sans consultant en stratégie.


Le concept Promo Minute est simple : « nos promos, elles durent une minute ». Si vous n’êtes pas entré dans l’agence la bonne minute de l’année et bien c’est râpé, vous payez le prix fort. Pas mal non ? Vous pensez que je rigole ? Allez sur internet, suivez la super promo et vous verrez… arrivé au bout de votre résa il n’y a plus de dispo, ou alors en vous allez devoir rallonger le double du prix en suppléments divers et variés. Et voilà, une idée bien con pour faire de la pub pour votre agence.


« Ododo, les vacances qu’il vous faut » : encore une idée de blonde pas si écervelée que ça. Vos clients rêvent de soleil, de plages et de cocotiers ? Vendez-leur des somnifères ! Une petite pilule magique et hop, Ododo ! c’est parti pour 10 heure de rêves, sans décalage horaire, fouilles au corps dans les aéroports ou tourista. Et pour nous une marge d’enfer et du stock toute l’année.

Penser à anticiper la gestion des litiges, genre Monsieur Bougon qui se réveille après avoir rêvé de sa belle-mère en bikini sur la plage pendant 12 heures. Au pire, on rembourse la pilule et/ou on en offre une autre. Note pour demain : appeler LEA (L’Européenne d’Assurance, pas moi) pour qu’ils inventent une assurance pour ce genre de risque !


Bon d’accord, Last Vacances c’est un poil plus trash… mais quel coup de pub ! Imaginer le slogan, « Partez avec Last Vacances, vous n’en reviendrez pas ! » ça le fait non ? Question formules et destinations, on a vraiment le choix « camping en Sibérie », « trekking sur les volcans islandais », « visites des grottes en Afghanistan », « feu d’artifice sur la bande de Gaza » et les destinations d’avant-garde qui se développent (la longue traîne quoi…) : « Décoiffés par souffle d’une bombe atomique en Corée du Nord », « Trek au Mali : 2 minutes de célébrité à la télé avec les yeux bandés et le quotidien du jour en mains », Pakistan : « Circuit en bus : après les super-commissions, les retro-commissions... »


Voilà l’idée du siècle pour arrondir les fins de mois difficiles : en janvier, j’organise une conférence sur les destinations en plein devenir. 4300 € HT. A peine.. avec des consultants qu’on interviewe sans arrêt dans la presse mais dont on ne sait toujours pas à quoi ils servent. Leçons d’enfonçage de portes ouvertes comprises. N’oubliez pas de faire jouer votre DIF.

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