mardi 26 juillet 2011

Les clients se débrouillent tous seuls ? On doit devenir indispensables



Résumé des épisodes précédents : on n’a pas attendu le « point d’étape » de Big-Boss qui présentait il y a quinze jours les résultats du premier semestre… on avait déjà bien compris que le marché était de plus en plus difficile. En fait, les clients ont appris à se débrouiller sans nous :

Ils assemblent tous seuls en réservant leurs locations de vacances sur internet ou dans des agences immobilières, puis ajoutent des vols sur des compagnies low-cost (Easyjet qui ne desservait il y a quelques années que des capitales vole désormais depuis Paris vers Olbia, Mykonos, Palma, Ibiza, Split et j’en passe…). Du coup, les « gros dossiers » de familles de 10 personnes nous passent sous le nez.

Les agences internet vendent les circuits des TO 5 à 8% moins chers que nous (et plus les TO vont leur accorder des surcommissions, plus les agences web vont baisser le prix de vente final…)

Et comme les clients n’ont confiance en rien ni personne (les volcans islandais, les pilotes français, les grévistes grecs, les avions-poubelle, le réchauffement climatique et j’en passe…), ils n’osent même plus sortir de chez eux…

Alors on s’est posé la question : qu’est-ce qu’on fait pour :




1 - Remotiver les clients au départ




2 - se rendre indispensables ?





Remotiver les clients au départ :
Si il y a un truc qu’on sait faire, c’est leur donner des bonnes idées de vacances : on envoie sans arrêt nos « bons plans » à nos clients. C’est qu’on commence à avoir un beau fichier dans le CRM…




On a fait plusieurs listes : on a des « clients normaux » (un peu fourre-tout, on leur envoie des trucs pas très ciblés…), les « urbains » (on leur propose des city breaks à thème), les « VEC » (ça veut dire « vieux en cars ») à qui on envoie des propositions de circuits, les « plages » (ceux qui nous achètent uniquement des trucs où ils vont bronzer). Alors Big-Boss segmente et resegmente la base… et on envoie un e-mailing toutes les 3 semaines… de plus en plus ciblé…

On organise des soirées à thème, on fait des vitrines à thème (les mêmes… « je ne suis pas folle, vous savez…»), on met des photos de nous en vacances dans la vitrine… et on essaie de surprendre un peu les gens…

Ce qu’on ne sait pas faire, c’est trouver des relais pour qu’on ne soit pas tous seuls à communiquer sur l’envie de partir : on reçoit souvent des gens qui nous disent « avoir vu ça à la télé » mais on a peur de leur envoyer des idées de programme télé à regarder. Surtout que le plus souvent, les émissions de voyages ne parlent que d’arnaque ou de vente directe. Tiens, une bonne mission pour le SNAV : avoir les programmes télé en avant-première et nous prévenir : l’émission X, on peut conseiller aux clients de le regarder… la Y va indiquer ceci, alors voici les arguments pour vous défendre…





Vendre du plaisir aux clients sociétés :
Max nous a fait remarquer qu’il y a quelques années, les clients affaires commençaient leurs requêtes par « je pars en mission en Chine / j’ai une réunion mardi à 9h à Copenhague. Que pouvez-vous me proposer pour… » alors que maintenant, c’est plutôt « je dois aller en Chine ; il faut que je sois à Copenhague mardi à 9h ». Les missions professionnelles sont devenues des corvées. Depuis des années, on communique auprès des entreprises en indiquant que non… Max ne « réserve pas des billets »… il « apporte des solutions en gestion des déplacements » et « s’attache à faire faire des économies aux entreprises dans le respect du confort des collaborateurs ».

Depuis que Max s’occupe aussi de vendre du tourisme, il a vraiment envie de faire plaisir aux gens… alors Big-Boss va reprendre son bâton de pèlerin pour expliquer aux entreprises que plutôt de payer des billets qui coûtent super cher pour 2 jours, les entreprises auraient intérêt à faire partir les commerciaux et techniciens dés le samedi (avec Madame…), les faire profiter d’un week-end à destination, et Monsieur pourrait rester pour affaires après que Madame rentre le dimanche soir… On a des clients qui partent toujours sur les mêmes destinations européennes et qui n’ont jamais vu le musée du Prado / la Sagrada familia / la cathédrale Saint Pierre / l’opéra de Vienne…

Et comme on a plein d’entreprises de textile dans nos clients business, et qu’elles envoient beaucoup de monde en Asie, c’est vrai qu’on pourrait tenter de vendre un petit séjour quelque part « avant ou après » le voyage pro… On vend du plaisir, non ? C’est quand même plus sympa de passer 3 jours à destination en vacances avant d’attaquer une négo avec une bande de Chinois furieux (et en plus, les voyageurs arriveront détendus en négo, et non pas chiffonnés après une nuit dans l’avion… Donc, c’est tout bénef’ pour l’entreprise…).




C’est ainsi qu’on peut transformer un Paris/Hong-Kong aller-retour sur Cathay (on a un bon contrat avec cette compagnie…) en un aller-retour Paris/Vietnam (avec stop à Hong-Kong à l’aller ou au retour…). Allez, regardez un truc sur vos contrats Cathay : le tarif contrat sur le Vietnam est moins cher que le Paris/Hong-Kong. Et le stop à Hong-Kong est gratuit…

Identifier l’ennemi :
Sans jamais dénigrer l’ennemi, (on ne communique jamais sur ses points faibles), on essaie d’insister sur nos points forts à nous….Et il y en a :

- La proximité : 30% de nos entreprises en compte sont dans notre arrondissement. Les secrétaires adorent Max et elles sont toutes venues le voir… (c’est plus facile quand Max a un visage et qu’il bosse à deux pas… quand les sociétés sont servies par une usine de Belfort ou les agents ont un numéro, c’est pas facile de passer faire un coucou en 10 minutes)

- Le sourire, la disponibilité : l’autre jour, je chattais avec une « copine FaceBook » (je ne la connais pas en vrai, mais on a échangé pas mal de messages et on s’entend bien…) ma « copine FaceBook » a de l’humour, mais elle galère dans sa petite ville et elle voit de moins en moins de clients… il semblerait qu’ils aillent voir sur le web ou dans les agences de la grosse ville d’à côté… Elle m’a dit qu’elle s’était sentie attaquée par mon post du 31 mai, celui où je raconte mon expérience de client-mystère… Elle me disait s’être reconnue dans la vendeuse qui accueille le client par « je finis un devis et je suis à vous dans 3 minutes ». Elle se justifie en argumentant qu’elle montre au client qu’elle n’a pas que lui… et qu’il n’est qu’un client parmi d’autres… Nous, à l’agence, on essaie de faire tout le contraire : on s’arrêt au milieu d’un mail ou d’un calcul pour apporter un accueil personnalisé à celui qui rentre dans l’agence, on le raccompagne à la porte après l’entretien, on est toujours disponible et souriante (euh… on fait semblant et on se force un peu, hein…). Quand le client se sent considéré, accueilli, apprécié, il est étonné… et ça lui fait plaisir… du coup, comme il ne trouve pas souvent cet accueil ailleurs, il revient...

- La connaissance du produit : je ne vais pas dire encore une fois qu’on passe notre vie en éductours (oups, trop tard…) mais oui, on sait ce qu’on vend… et on arrive toujours à caser « c’est un endroit que personne ne connaît mais qui vaut vraiment le détour ». Après cette argu, l’agent du call center de l’agence web qui ne voyage jamais, il peut s’accrocher pour vendre sa salade…

Se rendre indispensables et irremplaçables :
- On vend des prestations de qualité : même quand on vend une compagnie low-cost, on inclut un bagage en soute… et on vend des vols réguliers pour « garantir l’horaire de vol ». Si le client insiste pour avoir le prix du même produit sur un charter, je minaude « mais Madame Machin, la dernière fois que je vous ai vendu un charter, vous étiez convoquée à Orly à 4h30 et vous m’avez bien dit que c’était la dernière fois que vous achetiez un vol charter ; moi je veux bien parce que vous insistez, mais n’allez pas vous plaindre, après… »

- Le conseil : je me répète, mais on sait ce qu’on vend… tout à l’heure encore, un client m’apporte une promo imprimée depuis le site de voyages en promo de dernière minute dégriffées où j’ai travaillé quand j’étais plus jeune. Moi : « je ne connais pas cet hôtel et s’il est aussi bon marché, c‘est qu’il doit y avoir une raison ; la mention [plage à proximité], c’est quand même louche… regardez : sur les photos de l’hôtel sur la page web, on ne voit jamais en même temps la plage et l’hôtel… il faudrait que promomachin vous indique à quelle distance exacte de l’hôtel se trouve la plage » (appuyer sur le mot « exact »). « L’hôtel que je vous propose, je vous garantis qu’il est juste face à la mer. Vous descendez le petit chemin qui est là (on ne le voit pas sur la photo, parce que l’hôtel est fourbe, mais moi je sais…) et vous êtes sur la plage ».

- La différenciation produit : si on essaie de ne pas donner de brochure ni de vendre des produits des TO, c’est parce que les gens qui nous interrogent prennent notre conseil gratuit et vont acheter le produit brochure à leur CE / leur mutuelle / le B2C du TO etc… avec une réduction… Sur nos « programmes sur-mesure étudiés à la demande de Madame X », (et non pas devis 6592), il y a un dîner chez l’habitant, un soin du corps traditionnel, un billet coupe-file dans un musée etc… Et dans le carnet de voyages, il y a aussi un mini-guide de la destination (qui est gratuit sur internet et qui s’imprime en 3 minutes, mais c’est un truc en plus, et le client est content)

- La personnalisation : je suis effarée par le concept des circuits culturels accompagnés par Jeff. C’est de la folie ! La décence m’interdit de vous dire à combien il marge ses trucs… il a fait deux groupes de 18 pax en mai et en juin et pour la saison septembre 2011 / juin 2012, il a programmé 10 départs, dont 6 sont déjà pleins ! On a sorti une espèce de petite brochure pour présenter ses circuits culturels, on lui a installé une ligne directe… et quand il n’est pas à l’agence, on répond « non, Jean-François n’est pas là… il accompagne un groupe en Ethiopie et rentre mercredi prochain. Je ne peux pas répondre à votre question, c’est vraiment lui l’historien des religions… moi, je ne vous dirais que des bêtises » (gloussement de blonde écervelée, mais tellement mignonne…) « je prends votre numéro de téléphone et je lui demande de vous rappeler à son retour… d’accord ? » (et 8 jours plus tard, Jeff rappelle, raconte l’histoire du temple au nom imprononçable, indique qu’il ne reste plus que 4 places sur le circuit en question et oui « bien sûr, chère Madame, je vous en garde 2 parce qu’on se connaît, mais pas longtemps hein… prenez votre décision rapidement » et là, il écrit un nom au crayon sur une fiche en carton (oui, Jeff gère ses plannings de départ à l’ancienne : Jean-Pierre Pernault adorerait sa façon de bosser).

- La disponibilité : on essaie de toujours prendre des rendez-vous avec nos clients « je travaille sur votre programme demain, vous pouvez passer quand pour qu’on parle de ma proposition ? ». ça évite que le client débarque à l’improviste alors qu’on l’a complètement oublié (ou remisé sa demande aux oubliettes) et ça nous permet d’arranger un peu nos horaires de travail sans que les clients fidèles ne pâtissent de nos absences… Comme les clients veulent passer nous voir « tranquillement après le bureau », on finit souvent un peu tard… Là, on réfléchit à décaler nos horaires d’ouverture pour dire que l’agence est ouverte par exemple de midi à 20h30 (et de 9h à midi, on n’aurait que Max et Sonia pour les sociétés et Coralie qui prendrait le téléphone et avancerait ses devis parce que pour sa nounou, après 19h, c’est pas négociable…). Moi, franchement, rapport à mon « rythme biologique », ça ne me gênerait pas de commencer à midi… On se donne l’été pour réfléchir à cette possibilité…

Bref, on réfléchit, on remet en question notre façon de bosser, on adapte nos produits et nos méthodes de vente aux clients… on fait exactement le contraire de ce que disait l’autre jour une agent de voyage aigrie dans un commentaire de l’un de mes posts : « Ben on n’a pas de demande, qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse ? Ben, on attend…»

C’est ça ma cocotte, attend…



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