jeudi 28 juin 2012

Les TO n'ont pas toujours tort...


Dans mon dernier post, je me suis légèrement emportée  contre les TO. Oh, à peine… vous savez que je suis une fille délicate et toute en nuances… et que ne je suis pas du genre à avoir des opinions tranchées…

Reconnaissez tout de même que les TO ont bien compris le principe de réduction des coûts. Grossièrement, disons que les TO ont transféré certaines tâches sur nous (les agences). Souvenez-vous : il y a quelques années, on appelait les TO (et chez Thalasso n°1, on pouvait parler par exemple à José, qui a une voix de velours…), désormais on réserve un dossier en trois clics (et si les TO ont investi dans ces développements informatiques coûteux, ils ne se sont pas gênés pour les amortir en vendant en direct en B2C sur internet avec le même type d’interface…)

Une fois le dossier réservé, on doit aller chercher tous seuls les factures des TO sur leur B2B (tu entres dans le truc, tu mets ton code agence, tu cliques sur « j’ai oublié mon mot de passe », tu le réinitialises, tu vas dans « dossiers confirmés », tu cherches ton dossier, tu imprimes). 

Certes, le TO a économisé des coûts d’impression et un timbre, mais toi… tu as perdu 10 minutes de ton temps. En même temps, comme il n’y a pas de client à l’agence, ça t’occupe…

Je parle de l’édition du carnet de voyage ? Avant, le TO nous envoyait un truc plus ou moins chiadé : un sac, un guide de voyage, des étiquettes bagage, des vouchers, des infos pratiques. Quand on donnait ça au client, on avait l’impression d’être le Père Noël. Désormais, tu reçois un mail (automatique, généré par le système de résa du TO) pour te dire que le carnet de ton client est « disponible dans le B2B », tu te connectes et tu imprimes les vouchers… si tu ne veux pas les glisser dans une enveloppe kraft, tu es priée de payer toi-même une pochette. 

Que tu vas mettre aux couleurs de ton agence, et non pas aux couleurs du TO. A cause de ça, les TO passent à côté d’une visibilité certaine… C’est peut-être un détail… mais c’est avec ce genre de décisions que les agences ont commencé à travailler en direct sans passer par les TO.

Bref. Mardi, dans mon dernier billet, je pestais contre les surcharges carburant et les augmentations dues aux devises. Un commercial de TO a réagi assez justement en écrivant « Pourquoi certaines agences nous prennent pour des vaches à lait ? Pourquoi travaillez-vous avec nos réceptifs en direct ? Pour avoir plus de marge, non ? En Allemagne, les agences paient pour avoir un éductour, pour avoir une vitrine de TO et commencent à 8% de commission… Elles rendent leurs surcom’ si elles n’atteignent pas leur objectif ». Et bien, au risque de vous surprendre, je suis partiellement d’accord avec lui.

Explication de texte :

On travaille avec « vos réceptifs » ? D’abord, « vos réceptifs » sont libres de bosser avec qui ils veulent. En général, les TO ont des contrats en direct avec les hôtels (donc ils squeezent leurs réceptifs comme il arrive aux agences de squeezer les TO pour travailler en direct) et bien souvent, quand ils ont une grosse production sur une destination, les TO ont leurs propres réceptifs « maison » qu’ils ont montés et qu’ils contrôlent... Ami TO, figure-toi que si on travaille en direct avec les réceptifs, c’est pas (seulement) parce qu’on est vénales. C’est surtout parce qu’on a des réponses plus rapides en travaillant directement avec eux qu’avec les TO. 

Quand on demande un truc aux TO, on nous répond bien souvent « c’est en demande ». En demande auprès de qui ? Des réceptifs… ben on est assez grands pour leur demander tout seuls… Et figure toi que contrairement aux TO, les réceptifs sont le plus souvent très transparents, font des contre-propositions très pertinentes et quand on a des questions, on obtient des réponses précises et immédiates. Moi, je suis même en relation par chat avec mes réceptifs préférés. Parfois, on a des réponses en 2 minutes.

Certes, pour bosser en direct avec les réceptifs, on doit être agiles, capables de monter un programme sur mesure, bidouiller simultanément sur Amadeus, internet, MSN et excel tout en regardant  le client dans les yeux. Outre faire des calculs alambiqués (avec vérification des taux de change et de marge), on va avoir du boulot de back-office, faire des paiements en devises… bref, prendre du temps et un peu de risque. Et si on marge plus les dossiers montés sur-mesure que ceux packagés par les TO, c’est parce que ça nous prend du temps. Et le temps, c’est de l’argent. N’empêche que si on dit à un client « c’est en demande », on le perd. Et mon boulot, c’est de faire en sorte qu’il signe. Alors je me débrouille comme je peux…

Les éductours : je me suis retrouvée bien des fois en éductours avec des comptables ou des patrons d’agence qui n’ont pas vu un client depuis l’âge de glace. Faire payer les éductours aux « profiteurs » ? Je trouverais ça parfaitement normal. On signerait une espèce de contrat et on s’engagerait à faire un chiffre d’affaires de X € dans les 12 ou 18 mois qui suivent le voyage. Si l’agence réalise l’objectif, elle est remboursée du prix du voyage d’étude. Si elle ne le réalise pas, elle paye. 

Du coup, pour atteindre ce chiffre, les patrons enverraient en éductour des gens qui vendent… parce que ça n’est pas leur femme ou leur comptable qui serait parti en éductour à la place d’un vendeur méritant qui pourrait faire du chiffre… Je sais que je vais faire bondir bien des agences, mais franchement… si les TO invitent « toujours les mêmes », c’est parce qu’ils savent qu’ils peuvent compter avec ces points de vente sur un retour sur investissement.

Les taux de commission trop importants : il est clair que c’est à cause de ça que les TO essaient de trouver des débouchés autres que ceux que nous (les agences traditionnelles) leur apportons. On touche en gros 12% de commission sur une vente de produit TO. Mais le TO va en plus payer 1 ou 2% pour la centrale de paiement du réseau, un incentive sur la progression du CA du réseau, des fonds marketing (dont personne ne sait exactement comment ils sont utilisés…) et en plus, il va falloir passer des mois à négocier le contrat avec ton réseau. Qui va réclamer des éductours, expliquer qu’il va falloir que le TO fasse « vivre le partenariat » en remettant la main au pot (mailings internes payants, sponsoring de soirées, visibilité vitrine, et j’en passe et des pires). Alors forcément, le TO fait son calcul : ça va lui coûter genre 20%... et franchement, à côté, donner 5 ou 10% de réduc’ à un CE… j’avoue que parfois, je le comprends…

Alors, pour être concrète, je propose les solutions suivantes pour assainir les relations tendues entre agences et TO :

- les têtes réseaux arrêtent de presser les TO comme des citrons. Commission de base aux agences de 8 ou 10%. Plus le financement de la centrale de paiement. Les réseaux proposent des outils d’animation facultatifs (sponsoring de soirées, participation aux conventions). Les TO seraient libres de participer (ou pas…)

- les TO récompensent les agences qui vendent bien. Au lieu d’accorder 12,13 voire plus à tous les points de vente d’un réseau sur tous les produits et sur toutes les saisons, ils innovent et proposent des grilles de rémunération « motivantes ». L’agence fait plus de X milliers d’€ de CA ? Sa commission de base augmente. Elle vend des tonnes de dossiers en basse saison ? Bonus. Bref, le TO rémunère l’agence en fonction du business qu’elle apporte. En revanche, l’agence qui vend le TO 3 fois dans l’année (départs les 18 juillet, 2 août et 21 décembre) n’aura que 8% de commission. Et rien de plus…

- au risque de passer pour une folle suicidaire, je suggère aussi la brochure payante. Avec un prix dessus. Un prix assez symbolique (3 ou 5 € par exemple, pour que le client papivore réfléchisse à deux fois) et remboursable à la commande. Ça réveille mon côté écolo (moins d’impressions = moins de trous dans la couche d’ozone) mais surtout, je me dis que Logimail arrêterait peut-être de m’envoyer des tonnes de brochures inutiles que je n’ai jamais sollicitées. Après, le TO peut décider de distribuer un (petit) stock de brochures gratuites en fonction de son potentiel ou des ventes réalisées par chaque agence la saison précédente… 

L’agence peut décider de vendre les brochures (je sais… on va avoir des gestions de caisses tordues…) ou de les offrir aux clients qu’elles « sentent bien ». Mais rappelons que donner une brochure au client, c’est le laisser « regarder tranquillement à la maison ». Or, ce qu’on veut en agences, c’est faire une vente. Et pour ça, il vaut mieux être rapide et persuasif. L’idéal, c’est de pouvoir imprimer 4 pages de brochure de TO (en intégrant les coordonnées de l’agence sur chaque page…) et d’avoir le prix du jour sur internet…  Certains TO font ça très bien (si si… je vous assure…)

- la mise en place du carnet de voyage « à la carte » : la solution basique (et gratuite), c’est les vouchers par mail. La solution premium (et payante), c’est un carnet étoffé. L’agence choisit. 
Bien entendu, avec ces solutions, les TO feraient plein d’économies (moins de commissions, moins de frais d’impression et de diffusion de brochures) et pourront réajuster leurs prix à la baisse.
J’ai peut-être l’air naïf et je donne sans doute l’impression d’être à la fois stupide et idéaliste, mais je voudrais quand même relever quelques initiatives intéressantes de certains TO :  

- Thalasso n°1 qui inclut toujours dans ses éductours de vraies séances de formation et des soins dans des centres de thalassothérapie (c’est quand même plus simple de vivre ce qu’on vend…)

- Asia qui envisage de franchiser des agences expertes sur l’Asie. Les agences en question pourraient ainsi arborer en vitrine une marque forte. Et Asia aurait des débouchés… Ce qui serait intéressant, c’est de se demander pourquoi Asia privilégie cette solution plutôt que de développer son réseau en propre (qui existe déjà puisqu’Asia a 2 boutiques à Paris et d’autres à Lyon, Marseille, Nice et Toulouse). Peut-être que ces boutiques maison ne sont pas si rentables que ça… (tiens ? les agences servent donc à quelque chose ?)

- Euram qui n’a pas de brochure et qui a beaucoup misé sur l’informatique. Certes, ce TO est « limité » aux autotours sur un petit nombre de destinations. Mais quand tu as créé tes itinéraires types, tu peux les ajuster à la demande de ton client et lui donner un itinéraire précis avec carte détaillée « aux couleurs de ton agence » avec un prix fixe. C’est clair que lorsque ton client va aller dans l’agence d’à côté avec ton devis, ton concurrent ne peut pas dire « je vous fais 5% » puisqu’il ne sait pas à quel TO racheter le même programme. Et comme Euram achète ses dollars au fur et à mesure des ventes, tu sais que tu ne seras pas réajusté.  

Bref, grâce à ces actions et méthodes concrètes, l’agent de voyage pourrait se concentrer sur son conseil, ses clients, sans avoir peur de la concurrence déloyale des mercenaires qui font des « réductions ». On serait tous des vrais concepteurs de voyages et pas des distributeurs de brochures gratuites qui enregistrent des commandes. Du coup, notre métier reprendrait tout son sens… accessoirement, nos patrons gagneraient plus de commissions et nous paieraient davantage que le salaire minimum conventionnel. (je disais il y a quelques lignes, que j’étais naïve…)  

mercredi 20 juin 2012

Les TO veulent nous tuer


Bon, les filles (et les gars…), cette fois ci, on ne rigole plus. On doit arrêter de se mentir : l’heure est grave.

On commence à parler sérieusement de downsizing, de repli, de menace sur l’emploi et même de plans sociaux…

Air France a dégainé ce jeudi : plus de 5000 postes seront supprimés en 2012 et 2013. On recompte ? 5122 très exactement… logique puisque la flotte va être réduite et qu’on demande au staff de faire plus d’heures. J’ai beau être assez peu matheuse… moins d’avions, davantage d’heures de travail par salarié : Air France n’a plus besoin de tout le monde…

De toute façon, ça sent le roussi un peu partout chez les transporteurs aériens : comme presque tous les autres stewards et hôtesses embauchés par Easyjet en janvier 2012 à la base de CDG, le CDD de mon Nico ne sera pas renouvelé. Easyjet a vu trop grand lors de ses derniers recrutements et il n’y a pas assez de boulot pour tout le monde. Bref, mon Nico sera au chômage dans 3 semaines.

A Orly, la compagnie orange propose à certains quelques « deuxièmes CDD » pour passer l’été, mais d’après la rumeur publique, il semble que personne ne soit transformé en CDI ce mois ci. Pas très rassurant…  Cette semaine, Easyjet a aussi annoncé la réduction de sa capacité au départ des aéroports espagnols de 7%. Au départ de Madrid, c’est moins 20%. 

Le staff sera déployé sur d’autres bases. Ah oui ? à Budapest peut-être… mais pas à Paris.  
Chez les TO, ça commence à trembler… FRAM annoncerait plus de 300 licenciements, Thomas Cook flippe en attendant un éventuel acheteur, TUI dégraisse, chez Go Voyages, c’est « sauve qui peut » et partout, chacun regarde avec inquiétude les courbes de vente déprimantes. Mes indic’ chez les TO me  disent que dans les services transports, on est tendus et qu’on étudie les possibilités d’annulations de chaines, de régulation et de doubles touchers. Même en dernière minute.  

On peut parler des « surcharges fuel » ? Comment, dans nos petites agences, on explique au client que « pour tout départ sur les Baléares en charter [pardon, en vol spécial, ça fait moins vulgaire…], nous sommes contraints de répercuter l’augmentation du coût du carburant en réajustant les prix des forfaits de 8 € par pax » ?

Prenez une calculette.

On gagne genre 80 € par pax sur les dossiers achetés aux TO. OK, c’est presque rien… mais les temps sont durs alors on ne va pas faire la fine bouche.

Le TO nous réclame 8 € par pax. Chez Big Boss Voyages, le dossier moyen, c’est 2,4 pax. On va donc payer 19,2 € de supplément. On a payé, on doit réajuster le client…

Combien ça nous coûterait ? entre le temps de rédaction du courrier (« le temps, c’est de l’argent », comme dit ma grand-mère), le coût d’affranchissement (4,38 € le R1), le temps d’explication au client (« comment ça, l’augmentation du prix du pétrole ? à la pompe, il baisse… vous vous moquez de moi ? »), le stress d’annoncer au client un truc qu’il ne va pas aimer (« comment ça, les petites lignes du contrat ? »), le temps de dévalider la facture et d’en refaire une… franchement, est-ce que ça vaut 19,2 € ? 

Pour moi, la réponse est « non ». On s’assoit dessus. Et Isa râle parce qu’elle a déjà enregistré la facture, qu’elle doit passer un avoir et une nouvelle facture. Comme les pièces comptables sont « dématérialisées »,  on doit en plus les imprimer nous-mêmes (« Isa’, faut remettre de l’encre. J’ai essayé de changer la cartouche mais j’ai juste réussi à faire tomber la poudre»), comme les carnets de voyages…  

Bon. Les surcharges fuel, on fait avec… mais il y a un truc plus grave : les hausses devises. ça… c’est du sérieux !

« le cours de l'€ ayant fortement chuté par rapport au cours de la majeur partie des devises utilisées pour le calcul de nos prix, nous sommes dans l'obligation de réviser nos prix (...) Les prix qui figurent dans nos brochures en cours de validité ont été établis sur la base des devises au 1er septembre 2011. [à cette date], l'€ s'échangeait à 1.44 USD » blablabla…

C’est vrai qu’en passant de 1 € = 1,44 $ et 1 € = 1,24 $, la valeur de l’euro par rapport au dollar US s’est dégradée de 14%. Quand tu marges à 20%, c’est facile à calculer… tu achètes un truc à 1000 $ sur une base de change à 1,44, tu penses l’acheter à 695 € donc tu le vends à 695/0,8 = 869 €… et si tu le payes sur une base de change à 1,24, tu l’achètes en fait à 806 €. Donc, tu n’as gagné que 63 €. Et j’ai beau refaire le calcul 12 fois, 63 / 869, ça fait 7%. Et ben, franchement, on peut se demander pourquoi on se lève le matin…

Maintenant, prends une calculette et refais les calculs… si tu as margé à 14%, tu n’as rien gagné. Si si… je t’assure ! calcule encore. Et arrêt de regarder cette corde qui te tend les bras…

Bon… si tu as une comptable comme notre Isa, il n’y a pas de problème : elle achète ses dollars à l’avance en fonction des ventes de l’agence. Donc, le dossier vendu quand l’euro valait 1,44 $, elle le paye à 1,44. Et ta marge n’est pas dégradée… ça s’appelle la « couverture change ». Si Isa y arrive, je ne comprends pas comment les gros TO (qui payent des fortunes des directeurs financiers) n’y arrivent pas.

Je vous donne un autre exemple de la mauvaise foi des TO ? Le taux de commission réduit sur les promos. Un truc magique. Le TO publie un prix (au hasard, une semaine en club all inclusive) à 699 €. Tu gagnes 14% là dessus. Reprends ta calculette (je ne t’avais pas dit que tu pouvais la ranger…) 699 x 14% = 98 € par personne (j’arrondis pour faire simple). Le TO encaisse donc 601 €.

Imagine maintenant que le TO fait une promo à 649 €. Tu ne gagnes plus que 10% (si… regarde les petites lignes de ton contrat : sur les promo, tu ne gagnes que 10%). Le TO va encaisser 649 – 10% = 584 €. Tu as bien lu : le TO encaisse 17 € de moins (sur 601 €… soit une baisse de revenu de 3%) et toi, tu gagnes 65 € au lieu de 98 €, soit une baisse de 33% de ta commission.

Franchement, je serais TO, et je voudrais te tuer, je ne procéderais pas autrement…   


mercredi 6 juin 2012

C'est pas encore Noël, mais ça sent le sapin...

Bon… mon dernier post commençait par « pour pas mal de boites de tourisme (et en particulier les plus grosses), en ce moment, ça sent un peu le sapin… ».

Je dois bien vous dire que je flippe grave ma race deviens assez pessimiste. Pour les grosses machines, la messe est dite : c’est « sauve qui peut ». Pour les petits, c’est le plus souvent « comment on va faire pour survivre ? »

Soyons sérieux et résumons ce qui se passe en ce moment chez nos confrères et partenaires… Etat des lieux :

Thomas Cook France est à vendre. La France, le Canada et la Russie sont les trois pays les plus moisis qui coûtent le plus d’argent au groupe et plutôt que de s’acharner à redresser la filiale française, les actionnaires aimeraient se débarrasser du boulet. Mais regardons les choses en face : la vente ne se fera pas : Thomas Cook a déjà prévenu « on ne bradera pas », alors franchement, qui va dépenser des millions pour investir sur cette chose pourrie grosse machine ? Thomas Cook France n’a plus aucune personnalité. Des esprits naïfs ont cru quelques mois que la « gentille » Rachel Picard allait sauver l’image de marque de Thomas Cook et redresser la barre après le management autoritaire du « méchant » Denis Wathier (esprit d’acier, main de fer dans un gant de plomb et regard dur). Que nenni ! La belle a jeté l’éponge et a réintégré la tranquille SNCF à la tête d’une filiale (là, au moins, elle ne risque pas d’ulcère)

J’ai un peu de mal à suivre (et ça ne m’intéresse pas beaucoup, de toute façon…) mais il semble que le top management de Thomas Cook ait des velléités de vacances… comme on les comprend ! Surtout si il y a des gros chèques à la clé… (le coup de l’indemnité de départ pour les incapables, ça m’a toujours fait bondir…)

Il est évident que personne n’a les moyens ni l’envie de reprendre tout le groupe Thomas Cook. Au sein de la nébuleuse, qui pourrait bien être racheté ? Peut-être Aquatour qui a une bonne image de marque, me disent les copines du Nord de la France. Jet Tours ? A part les agences « maison », plus personne ne veut en attendre parler… alors sans le réseau intégré et franchisé, qui va assurer des débouchés au TO ? Des distributeurs pourraient à la rigueur vouloir racheter les meilleurs des 700 points de vente dans certains coins de France… pour leur faire changer une nouvelle fois de couleur ! Quand je pense que les clients de l’agence Thomas Cook en face de chez Big Boss Voyages se demandent encore « mais elle n’existe plus l‘agence Havas ? », ça promet… Bref, je n’aimerais pas être franchisé TC en ce moment…

En face de Thomas Cook, on a comme d’habitude… TUI ! Je ne voudrais pas avoir l’air de tirer des conclusions hâtives, mais elles se ressemblent quand même pas mal, ces deux boites ! On ne tire pas sur une ambulance et je serai brève : le 7ème plan social de TUI France est en cours et vu les indemnités proposées, il faudrait être fou pour vouloir rester ! (30% de l’effectif est poussé au départ, quand même…) Quand je pense que NF était LA référence du voyage du temps pas si lointain de mes parents ! Jacques Maillot a bien fait de vendre ! Chez Marmara, on se compte… chez Tourinter, on se demande ce qu’on fait dans cette galère… Quelqu’un se souvient que TUI, c’est aussi un TO qui revend au réseau de distribution ? Ah ben on l’avait oublié celui-là tellement son positionnement a toujours été approximatif !

Souhaitons une belle nouvelle vie à Blue Lagoon, la filiale « plongée » de Marmara reprise par l’un de ses salariés. Il a de la chance de trouver une chaloupe avant de quitter le navire (j’espère qu’il a de beaux bras pour s’en éloigner rapidement parce que la vague de fond est cosatud)

On parle d’Air France ? OK mais rapido… mise à niveau du produit long-courrier (il était temps), développement de l’activité de Transavia (dont la flotte va passer de 8 à au moins 20 avions), regroupement des filiales régionales dont la flotte va être réduite de 25% et (rions un peu…), on transforme des bouts d’avion en sièges low-cost avec bagages et catering payants. Cette séparation en petites entités est peut-être jolie sur le papier, mais comment le consommateur va-t-il avoir des repères ?

Les autres compagnies françaises ? Air Austral est au bord du gouffre et ferme ses lignes de Province (le seul atout de différenciation) et Air Caraïbes signe un accord de code-share improbable avec Corsair.

Qui va payer ? Les salariés ! Les charrettes vont être bien remplies mais il va falloir que la plupart de ces gens pensent sérieusement à une reconversion dans un autre type de job. D’après tous mes copains, c’est le grand désert dans les agences depuis 2 mois. Chez Big-Boss Voyages, c’est la cata : -11% en avril et -8% en mai. Partout, on coupe, on supprime, on se restructure mais on est tous confrontés au même problème : où sont les clients ? Chez eux. Ils attendent…

Mais ils attendent quoi ? Partout, on dit que les vacances sont un besoin essentiel, presque vital. Vous avez vu les gens dans la rue combien ils ont l’air triste ? On doit leur proposer des vacances, c’est une mesure de santé publique !

Chez Big-Boss Voyages, on remuer ciel et terre pour pousser les clients au départ… on utilise toutes les solutions marketing de bon sens pour les attirer chez nous…

Et que je te fais une journée portes-ouvertes avec des offices de tourisme, et que je te balance par e-mailing ou en mailing papier des propositions ciblées, et que je te mets en valeur notre expertise-produit (là, je fais un gros push sur la croisière parce que depuis que je suis allée visiter le Divina d’MSC la semaine dernière, je peux donner mille détails…), et que je relaie les initiatives des TO (Big-Boss est allé en Tunisie avec des bons clients grâce à FRAM) et que je surfe dessus (du coup, hop… une soirée Tunisie à l’agence avec les clients en question pour booster la destination…). A force de secouer le marché, il bouge un peu…

Mais je m’inquiète : l’euro se dégrade chaque jour un peu plus par rapport au dollar (je me prépare psychologiquement à appeler les rares clients qu’on a pour l’été pour leur annoncer des hausses devises), les affréteurs régulent, les prestataires sont fragiles et peuvent se planter du jour au lendemain (depuis que la presse grand public annonce les plans sociaux chez les TO, les clients nous demandent d’un air apitoyé « ça va vous ? »)

Bref, ça sent le sapin…