mardi 28 août 2012

Léa t'explique comment lire une offre d'emploi

Selon les dernières statistiques (en données corrigées des variations saisonnières, du réchauffement climatique et des humeurs de mes copines), le secteur des agences de voyages a détruit 4000 emplois ces dix dernières années. On lit cette phrase, on marque une pause et on pousse une exclamation : « waouh ! »



J’ai fait une véritable recherche documentaire. C’est qu’il fallait que j’essaie de comprendre le pourquoi du comment. Il y a plusieurs raisons possibles. Bien entendu, les experts consultants moisis qui savent tout beaucoup mieux que tout le monde savent. Ils ont même plusieurs explications :

1. c’est à cause de l’accroissement de la productivité :

Vous connaissez tous ce bon mot qui tourne partout sur le web : « Je peux calculer des prix pour 3 personnes différentes en même temps. Je peux m'occuper de 5 réservations dans 5 systèmes de réservations simultanément et répondre en même temps à 5 téléphones. Je parle toutes les langues utilisées sur cette planète, et j'ai visité tous les pays personnellement.

Je connais chaque plage et chaque hôtel et je suis au courant de toutes les formalités douanières pour tous les pays (…). Je suis responsable pour tous les repas servis à bord des avions, des retards aériens, pour les voitures de location en panne, pour les avions cloués au sol pour des raisons techniques, pour les conditions climatiques, les guerres, les révolutions, etc...

Je suis responsable pour la situation économique ainsi que des éventuels cours de change désavantageux. Je sais que si vous réservez un vol pour le vendredi, vous vouliez dire samedi. (…) je peux aisément remplacer votre psychanalyste (…) Je suis agent de voyages. »

Je ne sais pas vous… mais moi, je me reconnais. Grâce au progrès informatique, aux sites B2B merveilleux qui ne marchent pas cherchent tout pour vous, à l’invention de l’e-ticket (on ne passe plus des heures à vérifier 12 fois qu’on n’a pas oublié un coupon ATB), on va plus vite…


(ne me remercie pas de t'avoir fait écouter de la grande musique, ça me fait plaisir de te contribuer à ma façon à ta culture)
Forcément, quand on va plus vite, on peut faire autant avec moins de bras et moins de cerveaux. Alors, on peut faire tourner une agence à 3 au lieu de 5. Toutes les agences ne licencient pas mais beaucoup « ne remplacent pas les départs ». Question de survie. En trois mots : « marche ou crève ».

2. C’est à cause de la désintermédiation :

Forcément, depuis que les clients réservent leurs voyages sur les sites des pure players, des chaines hôtelières, via les métamoteurs ou chez les TO (voire chez les réceptifs en direct), ils n’ont plus besoin s'affranchissent des agences de voyages. Enfin, si… pour les conseils infaillibles qu’on va leur donner. Mais comme ils n’achèteront pas chez nous, ça ne fait pas de chiffre. Et nos Big-Boss nous disent « le chiffre est en baisse, on ne peut pas embaucher, il faut accroitre notre productivité » (on revient au point 1…)

3. C’est la faute à la crise :

On va essayer d’arrêter de se mentir : depuis 4 ans (et c’est chaque année pire encore), le business s’effrite chaque fois un peu plus. Les gens sont limite des clochards ne partent pas en vacances. Ou pas loin et pas longtemps. On est 8 à pleurer notre race transpirer sang et eau chez Big Boss Voyages et il n’y a que Max (en Espagne) et moi (en Grèce) qui sommes partis à l’étranger cet été. Et je le vois chez mes copines et même chez nos clients. Cet été, pour nombre d’entre eux, c’était « 15 jours en location » assortis de « quelques week-ends prolongés à squatter chez des potes à la campagne ou au bord de la mer ». Ce qu’on appelait « Paris ville déserte au mois d’août », je ne l’ai pas vu cette année ! A croire que les gens n’ont pas de vacances.

Du coup, comment se porte le marché de l’emploi ? Ben je vais vous dire : Mal. Des deux côtés. Il faut se rendre à l’évidence : il y a inadéquation entre l’offre et la demande.

Je vous donne comme ça, en vrac, quelques exemples…

1. Les gens ne se respectent pas :

La semaine dernière, j’ai lancé une enquête via ma page Facebook : je voulais des anecdotes. Caroline (cette petite est pleine de bon sens) déclare simplement : « tant que tu acceptes un CDD, un salaire au SMIC et des clients relous, tu trouves ». Bien résumé !

Sauf qu’Aurore serait prête à accepter un premier job en CDD et payé au SMIC. La preuve : elle a passé 1h30 dans les transports en commun pour son premier entretien. Elle s’est déplacée pour s’entendre dire qu’elle habite trop loin (euh… son adresse était sur son CV), qu’elle n’a pas assez d’expérience (ça aussi, c’était sur son CV) et que le pompon, c’est que le recruteur lui annonce qu’elle « n’a pas choisi la bonne branche car le secteur est fermé ». Fermé par qui et par quoi, cher Monsieur ?

Sylvie, de son côté, se plaint d’avoir passé une annonce et d’avoir attendu en vain des CV… finalement, elle en a reçu 6 « tous mauvais ». Elle a pourtant proposé des rendez-vous aux deux candidats qui avaient l’air les moins pires : le garçon était très à l’aise (avec les pieds sur le bureau), la fille a déclaré en fin d’entretien « je vous rappelle la semaine prochaine, ça pourrait être pas mal mais vous n’êtes vraiment pas ma priorité ».

2. Chez Big-Boss Voyage, on remplace une vendeuse confirmée niveau E par un contrat de qualif’ :

Quand Coralie est partie accoucher de son horrible gnôme Melvil, on était un peu en flux tendu à l’agence. Du coup, on avait embauché le schtroumpf à lunettes Jeff, on avait l’impression qu’il « remplaçait » Coralie et puis quand elle est revenue, il est resté. Bilan : +1. En gros, en attendant que Coralie parte en congé mat’ pour embaucher Jeff, Big-Boss avait juste retardé la création d’un poste supplémentaire. Malin…

Là, pour remplacer Coralie lors de son prochain rôle (« Alien II, la délivrance »), on a embauché un petit contrat de qualif’. OK, c’est un peu sale comme méthode… Elle va coûter à Big-Boss la moitié du misérable salaire de Coralie. Du haut de ses 19 ans et demi, Mélody comprend tout au quart de tour, certes… mais elle est loin d’avoir le niveau pour remplacer une vendeuse confirmée niveau E… alors qu’est-ce qu’on fait ? On bricole… Mélody va taper les devis, émettre les billets, créer les pochettes de voyages, réserver le train pour les sociétés, faire les factures… bref, les basses besognes ! Mais elle va apprendre, alors elle ne se plaint pas. D’ailleurs, quand elle va entrer à l’école dans 15 jours, elle sera déjà parfaitement opérationnelle sur Amadeus Rail… Pendant ce temps là, on a une vraie vendeuse en moins à l’agence… et on se sert les coudes. Voir le point ci-dessus « amélioration de la productivité ».

3. Chez les TO, on recrute des commerciaux… au SMIC :

Je vous raconte la life de mon Nico. Certes, il est à peine majeur n’a que 25 ans, mais il parle anglais, le langage du corps comme personne et italien couramment, il a 5 ans d’expérience dans le service, il est canon beau comme le jour, il connaît de très près une agent de voyages diabolique qui lui a fait des formations intensives de culture touristique sur l’oreiller et même une formation Amadeus Air digne des meilleures écoles de tourisme (il fallait bien que je m’occupe intelligemment, toute seule, les samedis du mois d’août à l’agence)

Outre ses pectoraux d'acier, son sourire et son regard, Nico a de nombreuses qualités essentielles pour devenir une bête de commercial tourisme : il est attentif, patient, charmeur, il respecte les délais, ne laisse aucune question sans réponse et saura embobiner n’importe quelle gourdasse agent de voyages (j’en suis… comment dire… la preuve chaque jour renouvelée). Et bien figurez-vous que plusieurs TO recrutent en ce moment. A 1500 € bruts x 12. Trop généreux ! Alors mon Nico reste au chômage avec ses 1680 € d’allocation de retour à l’emploi par mois. Du gâchis pour tout le monde…

4. Les stagiaires, ça travaille bien et ça ne coûte pas cher :

Je connais des boites où il y a plus de stagiaires que de salariés. Quand j’étais en BTS, j’ai fais un stage de 3 mois dans une boite de ce genre. La fille qui m’encadrait était complètement comme un hamster dans sa cage débordée. Elle gérait une équipe de 8 personnes dont 6 stagiaires. Elle n’avait jamais le temps de ne rien faire et encore moins de nous aider. Entreprises pleines de stagiaires, interrogez sur l’image que vous donnez à ces futurs-pro… ce genre de pratique révèle l’Arlette Laguiller qui sommeille en moi, prête à bondir.

Bon… Léa est votre amie et va vous aider à lire une offre d’emploi ! ça fait deux mois que je fais ça avec Nico alors je vous fais profiter de mon expertise… Quand vous regardez une offre d’emploi, si vous n’avez que google translate pour traduire, vous n’allez pas comprendre. Moi, je suis bilingue en langage de bâtard d'exploiteur recruteur et je vais vous expliquer… (toute ressemblance avec des offres d’emploi publiées sur votre portail préféré ne serait peut-être pas que le fruit du hasard…)


Quand vous voyez… "agence en forte expansion" ; il faut lire "casseur de prix qui veut acheter des parts de marché mais qui ne cherche pas la rentabilité"

Quand vous voyez… "recherche un chef des ventes, deux attachés commerciaux, un superviseur de réservation, des agents de vente, un comptable" il faut lire "suite au départ théâtral de la moitié de l’effectif (sans préavis et en claquant la porte)

Quand vous voyez… "excellente présentation", il faut lire "on cherche une potiche"

Quand vous voyez… "autonomie, bonne capacité d’organisation", il faut lire "capable de s’adapter à une boite sans méthode ni procédure ; il faudra que tu te débrouilles tout(e) seul(e)"

Quand vous voyez… "résistance au stress", il faut lire "tu dois être drogué(e) bourré(e) de tranquillisants pour ne pas devenir fou/folle"

Quand vous voyez… "vous aimez vendre au téléphone", il faut lire "ton brushing sera écrasé par un casque de 2 kilos"

Quand vous voyez… "salaire motivant", il faut lire "tu seras payé au SMIC et il faudra te défoncer pour avoir une prime de 60 € (bruts…)"

Quand vous voyez… "salaire très motivant", il faut lire "tu seras peut-être payé uniquement à la commission"

Quand vous voyez… "poste à pourvoir immédiatement", il faut lire "le staff qu’on n’a pas licencié est au bord de la crise de nerfs et menace de tout casser si on ne lui apporte pas du renfort"

Quand vous voyez… "opérationnel tout de suite", il faut lire "on n’aura pas le temps de te former à quoi que ce soit, ne rêve pas. Tu arrives dans l’entreprise et tu fonces. Tu apprendras sur le tas"

Quand vous voyez… "envoyer lettre manuscrite", il faut se demander "à la plume d’oie ? Mets-toi à la page, employeur : on a inventé le clavier"

Voilà... ma life en ce moment : gérer l’activité de l’agence (certes, un peu faible…) avec une vendeuse en moins au comptoir, assurer la formation d’une petite débutante, coacher un chômeur, tout en sachant que je n’aurai pas une journée de vacances avant le retour de Coralie, en février.

Franchement, au risque de me répéter, « on fait pas des métiers faciles ».

 


lundi 20 août 2012

Pas de bras, pas de chocolat (ou en anglais, no money; no honey)

L’une des spécificités du marché français, c’est que la trésorerie des clients est aux mains des sièges des réseaux.

Je t’explique : les réseaux (qu’ils soient volontaires ou intégrés) paient les TO après le retour des clients. Pourtant, les clients ont payé avant le départ. Tu connais la règle : « pas de bras, pas de chocolat » : si le client ne te paie pas avant son départ, tu ne lui donnes pas son carnet de voyage. C’est comme ça…

Donc, quand le client t’a versé 25% d’acompte à la commande (disons J-90 par exemple, on fait comme si les VDM n’existaient pas…) et le solde un mois avant le départ, ton agence a de la tréso : 25% du montant du voyage de J-90 à J-30 puis 100% de J-30 au moment où elle se décide à payer le fournisseur.

En Belgique ou en Allemagne, le client qui s’inscrit dans une agence de voyages paye le TO… qui rétrocède ensuite une commission à l’agence. Et le TO belge ou allemand a la tréso que le TO français n’a pas (et après, on s’étonne que les TO du nord de l’Europe peuvent prépayer les chambres dans les meilleurs hôtels pour se garantir des stocks…)

En France, quand une agence est membre d’un réseau volontaire, elle est prélevée par la centrale de règlement de son réseau quelques jours avant le départ. Pas de risque d’impayé pour le TO… Et si le TO plie entre le prélèvement de l’agence (par son réseau) et le moment du départ, les dégâts pour l’agence sont limités puisque la centrale de paiement a encore l’argent… du coup, elle peut pallier la défaillance du TO fournisseur…

Un jour, j’avais demandé à Big-Boss s'il était bourré quand pourquoi il avait décidé d’adhérer à un réseau. Il m’avait expliqué que quand il avait pris cette décision pour plusieurs raisons :

- parce que les compagnies aériennes accordaient aux réseaux des tarifs négociés auxquels on ne pouvait pas avoir accès si on était indépendants,

- parce que de nombreux fournisseurs (et pas seulement les compagnies aériennes) rétrocédaient des surcommissions au montant carrément indécent substancielles,

- parce que justement, la centrale de paiement ne payait le fournisseur qu’après le retour du client. Du coup, si un hôtelier prend l’un de nos clients en otage en lui réclamant le paiement de nuitées impayées par un TO, l’agence peut faire intervenir son réseau qui peut payer le prestataire.

D’ailleurs, on se souvient que c’est lors de la faillite de Marsans que le CEDIV s’est décidé à trouver une centrale de paiement. On était en janvier, la saison battait son plein sur la Rep’ Dom’, les agences avaient réglé à Marsans des dossiers avant le départ (et le long courrier, c’est cher…) et les agences se sont retrouvées avec des clients plantés… échaudé, quelques mois plus tard, le CEDIV a passé un accord avec la centrale de paiement d’AS Voyage.

Dans le grand débat « qui a le pouvoir, les TO ou la distribution ? », la réponse est clairement « les sièges des réseaux ». J’ai entendu bien des fois des TO se plaindre d’un vrai racket de la part des réseaux : ils réclameraient des surper-comm’ et des fonds marketing de plus en plus importants dont on ne sait jamais comment ils sont utilisés, un ou 2% en plus pour assurer le fonctionnement des centrales de paiement… que les TO, exsangues, auraient de plus en plus de mal à financer…

N’empêche qu’ils n’ont pas vraiment le choix : lorsqu’un TO est déréférencé par un réseau, son chiffre fond comme neige au soleil.

J’en viens au cas d’STI.

Mardi dernier, le 14 août, alors que l’on sombrait dans la douce torpeur d’une semaine bien mollassonne, le siège d’un réseau annonce qu’STI « ne peut plus assurer ses prestations ». Le réseau indique aussi qu’il aidera ses agences adhérentes « à assurer le bon déroulement du voyage de [leurs] clients avec le même fournisseur ou avec les réceptifs référencés par le réseau » Stupeur.

Je lance l’enquête. Les mauvaises langues diront que je mérite un diplôme de concierge pour toujours chercher les infos. Les plus gentils diront que je mérite une carte de presse pour avoir la conscience d’une vrai pro de l’investigation qui cherche à bien recouper les infos.

Des agents d’un (autre) réseau m’ont dit mardi que « depuis longtemps, des rumeurs circulaient sur [le forum du réseau en question] à propos des difficultés d’STI : un peu partout, des hôteliers réclameraient depuis des mois aux clients d’STI de payer les prestations sur place ». Un patron d’agence m’a même dit « si les journalistes du secteur font bien leur boulot, ils ont préparé la nécro d’STI depuis deux ans, et l’actualisent de temps en temps comme pour Chirac ou Liliane Bettancourt. Comme ça, elle est prête le jour de la faillite ». Elégant…

En tout cas, j’ai beau avoir des oreilles qui trainent partout, je n’avais jamais entendu ce genre de rumeurs (même si on sait tous que plus grand monde ne part en Egypte et que l’Egypte est LA grosse destination du TO…)

Comme je ne recule pas devant rien, j’ai contacté des gens avec qui j'ai un peu flirté que je connais chez STI. Et bien figurez-vous que quand on leur envoie des mails, ils répondent… Un bon point !

Je ne fais pas ici du colportage de rumeurs : je restitue ce qu’on m’a écrit. L’un des salariés d’STI qui a répondu personnellement à mon e-mail me dit qu’STI n’est pas en cessation de paiement : STI a une « difficulté passagère de trésorerie, STI attend un virement de son actionnaire égyptien mais en ce moment, les banques égyptiennes ne fonctionnent pas très bien et ce mouvement de trésorerie est en retard. »

Ce contact chez STI se plaint aussi que les sièges de réseaux ont en caisse beaucoup d’argent qui « appartient » à STI puisque les réseaux ont encore l’argent des départs de juillet et d’août.

STI aurait justement sollicité les réseaux pour obtenir un paiement anticipé pour palier cette fameuse « difficulté passagère de trésorerie ». Non contents de refuser de faire ces paiements, de « multiples rumeurs » ont été colportées… erronées selon mon contact chez STI.

Selon une agence indépendante (il en reste…), cette décision des réseaux serait une manœuvre de leur part pour prouver aux agences indépendantes de l’intérêt qu’elles ont à adhérer à un réseau qui bénéficie d’une centrale de paiement.

Alors qui est fautif ? Les réseaux ? STI ? Le système bancaire égyptien ? Et tout cas, mon contact chez STI a terminé son e-mail par une phrase très positive « nous ferons tout pour que les vacances de nos clients se passent bien et STI continuera »

En tout cas, à l’heure où les contrats de référencement sont en cours de négo dans bien des réseaux, le combat s’annonce rugueux…

Parce que je me mets à la place des TO qui préfèrent vendre en direct que via les agences qui bloquent l’argent : quand tu vends en direct, tu prends 25% d’acompte à l’inscription, le solde 30 jours avant le départ, et tu n’as pas de risque que quelqu’un bloque tes fonds… et si tu n‘as pas le paiement, tu ne donnes pas de carnet de voyage : « pas de bras, pas de chocolat ».

vendredi 3 août 2012

Qui sera le premier TO à faire faillite à la rentrée ?


A l’heure où vous lisez ces lignes, je suis la fille la plus en forme du monde ! 
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais cet été, pour choisir ses vacances, ça a été facile

Pour les clients à l’affût des bons plans, comme pour nous, le gros du travail du mois de juillet a été de trier les offres et de sélectionner ce qu’il y avait de mieux. Et quand je dis « mieux », je parle de qualité et de taux de réduction… jamais vu ça en plein été ! 

C’est simple, les promos de la mort qui tue, elles nous ont envahis. Croatie, Cap Vert, Espagne, Grèce, Turquie et même Thaïlande, il suffit de trouver des candidats au départ. 

Prête à bondir, j’étais sur les starting-blocks, n’attendant que la bonne opportunité pour choisir ma destination de vacances. Ce fut chose faite sur un coup de tête lorsque les promos Grèce de THE spécialiste sont arrivées pour les départs du 17 juillet. 

Il faut dire que mon Nico m’avait laissé me débrouiller comme une grande carte blanche pour décider de nos vacances. Et qu’on les a méritées ces vacances ! 

L’année a été difficile. Oui, je dis « année » parce que j’ai beau être une grande fille, pour moi, l’année commence en août. 

Comme quand on était petites à l’école : la rentrée, ça veut encore dire quelque chose pour moi. Je ne sais pas si ça serait la même chose si Big-Boss ne nous imposait pas de prendre un minimum de deux semaines de congés en juillet/août alors qu'on serait bien à l'agence à regarder les mouches voler. En tout cas, pour moi, les « grandes vacances », la trêve où personne ne travaille vraiment, ça existe !


Je vous ai préparé un petit bilan des douze derniers mois. 
Qu’est-ce qui m’a le plus marquée ? Plein de choses… 

Au niveau perso, j’ai changé de lieu de vie (je suis installée depuis cet hiver dans une coloc’ de rêve avec trois autres  folles princesses), j’ai changé de rythme de travail (puisque je n’arrive à l’agence qu’à midi) et j’ai changé de vie (je sais que je suis cruelle de vous jeter tout ce bonheur au visage, mais je sais désormais que l’amour existe). 

Revenons à nos moutons : je voulais vous parler de notre secteur d’activité. Alors, ce que j’ai retenu : 

Les clients : incompréhensibles ! On les aime nos clients (même si on leur mettrait parfois des claques), mais on préférerait qu’ils arrêtent de nous prendre pour des dindes s’expriment avec plus de précision. 

Ça devient de plus en plus compliqué (pardon ? j’ai dit « impossible » ?) de saisir leurs envies, leurs motivations. Ils sont devenus complètement versatiles, t’annoncent qu’ils ont « un tout petit budget » pour finalement se laisser convaincre par la suite de luxe… quand ils ne t’expliquent pas qu’ils sont crevés et qu’ils veulent être « complètement pris en charge » pour finalement te faire refaire tes devis 5 fois et t’acheter un vol, trois nuits d’hôtel à l’arrivée et une voiture « et puis on verra après ce qu’on a envie de faire ». 

Mouai… c’est moi qui n’arrive plus à comprendre ou ce sont eux qui sont incohérents ?


Les chiffres : en dents de scie. Entre les mois à -30% et ceux à +25% par rapport à l’an dernier, on s’en sort tant bien que mal au 30 juin avec des commissions en augmentation de 4% par rapport au premier semestre 2011. 
Et il paraît que par rapport à nos confrères, on s’en sort pas mal. Tout le monde se regarde en chien de faïence mais certains baissent les yeux en annonçant « une cata ». 

Là, je ne suis pas encore rentrée à l’agence mais c’est moyen-moins semble-t-il. Quand je suis partie, c’était « plus de pax, mais moins de chiffre ». 

Les tendances des ventes : illogiques ! En mai, on vendait l’hiver prochain… en juin, on a vendu… juin et juillet ! 

Et quand je regarde les destinations, c’est pareil : c’est l’année des USA alors que l’an dernier, on vendait du Canada… Et c’est pareil pour l’Asie : pour la première fois cet été, l’Indonésie (notre première destination) est en chute libre, alors qu’on est en forte augmentation sur le reste du continent. A n’y rien comprendre ma bonne dame…


Le marché : bizarrement, alors que les clients marchent sur la tête, que tout le monde serre les fesses dents dans les agences et chez les TO, on ne voit pas beaucoup de défaillances. 
Certes, il y a quelques plans de licenciements qui sortent des cartons, mais globalement, les agences sont vides et les TO doivent balancer du « -40% » pour vendre. Comment expliquer que tout le monde continue ? Big-Boss nous prévoit qu’à la rentrée, bien des acteurs vont s’écrouler… je n’ai pas envie de le croire. 

Le moral des troupes : à mon échelle, c’est ça qui m’inquiète le plus. Si j’écris ce blog, c’est parce que j’aime les gens et vous ne pouvez pas imaginer le nombre de mails que je reçois de mes frères et sœurs agents de voyages qui m’expliquent être dégoûtés de tout et jeter l’éponge. 

« Le métier est devenu ingrat »… « trop dur »… « trop de pression »… « je suis licencié et je vais chercher du travail dans un autre secteur »… « c’est la mort dans l’âme que je vais me reconvertir ». 

Le modèle économique : il semblerait qu’on soit à deux doigts de l’explosion : les TO qui sont au bord du dépôt de bilan peinent à trouver la rentabilité, les agences qui sont à deux doigts de fermer ont du mal à maintenir leur volume d’affaires, les tensions politiques et économiques entre agences et TO, tout ça me semble bien précaire

Les acteurs s’observent mais personne n’innove. Je rêve de quelqu’un qui ferait bouger les lignes, mais qui ? Le secteur m’a l’air complètement immobile…

Bon. Je vous raconte ma life : mon programme pour cet été, en résumé, il est segmenté par quinzaine : 

- Début juillet, j’ai tenté de faire du chiffre et de vendre des dernières minutes. J’y suis à peu près parvenue. Mais bon, comme dit Big Boss « on est sur un trend correct, mais il faut rester offensif ».

- Fin juillet, je me suis bien vidé la tête (et les verres de mojitos). Ce petit combiné d’îles m’a permis de digérer tous les événements (heureux ou malheureux) de ces derniers mois. Je me suis bien éclatée à tous les sens du terme ressourcée ! 

Les vacances, c’est fait pour faire ce qu’on n’a pas le temps de faire dans l’année… alors j’ai vécu à l’envers de mon rythme normal : je me suis levée tôt, j’ai fait des sports doux (yoga, natation, vélo) qui m’ont changée du squash et du body pump, j’ai laissé mon ultra-portable et mon smartphone à Paris (alors que je suis accro 24/24). 

Si tu savais… le brouillon de ce post, je l’ai écrit sur un sac de vomi (propre) dans mon vol retour... et j’ai lu. Beaucoup lu ! (des romans à la con et la presse people, pas la presse pro). 

Surtout, le truc qui a vraiment changé, c’est que j’ai cessé de pétasser babiller avec mes copines pour vivre dans un environnement presque silencieux avec mon amoureux : Nico est un garçon jeune et vigoureux, limite insatiable discret qui ne parle jamais aussi bien qu’avec le langage du corps (je vous fais un dessin ou c’est bon ?)


Et voilà. Je suis revenue… sublime… et à partir de lundi, je vais assurer l’intérim de Big-Boss et Isa. Oui, je vais faire ma chef. J’espère que ça va être tranquillou parce qu’il faut aussi que je trie mes photos de vacances joue à la conseillère en recherche d’emploi pour mon Nico (qui n’a aucune idée de ce qu’il a envie de faire de son avenir). 

Ah oui, je ne vous l’ai pas dit : Easyjet a mis à la porte sans état d'âme remercié la quasi-totalité de ses effectifs en CDD à Roissy. Comme c’est l’une des rares entreprises du secteur en forte croissance, je trouve que ça pue n’augure rien de bon… 


- Fin août, j’attends le Big-Bang ? Je vais en tout cas m’efforcer de former au mieux la jeune Mélody (19 ans) qui va rejoindre l’agence le 20 août en contrat pro’ et à qui je vais devoir transmettre l’amour du métier… 

- Et puis septembre arrivera. Comme Coralie sera en congés mat’, je n’aurai pas une seconde à moi, je travaillerai tout le temps, je deviendrai grise, mais de temps en temps, je me transformerai en fée et j’essaierai de te faire rire. Et je n’en dirai pas davantage dans ce billet, (je tiens à te tenir en haleine...) mais je te réserve quelques surprises pour cet hiver… 

D’ici là, si tu es un(e) aoûtien(ne), je te souhaite autant de pluie que ce qu'on a eu en juillet un bel été avec des VDM, du soleil (il paraît qu’il va arriver à Paris dès la semaine prochaine) et de l’amour. Parce que je ne suis pas égoïste et que je veux que tous les agents de voyages soient aussi heureux que moi… 

Et si tu ne pars pas, pendant la trêve de TourMaG, je posterai des trucs sur FaceBook… Deviens mon ami(e) pour suivre mon actu !