jeudi 8 novembre 2012

Léa n'aime carrément pas l'automne


Je vais te dire un truc : s’il y a une saison que je n’aime pas, c’est bien l’automne.

Je trouve que l’été est la saison la plus sympa. Chaque week-end est rythmé par de nouveaux départs et de nouveaux retours ; c’est une vaste transhumance. Du coup, tout n’est que prétexte à longs apéritifs et dîners en terrasses, échanges d’impressions sur les endroits où l’on a passé nos vacances, forcément « magiques » et « délicieuses », où chacun a vécu « une vraie expérience, tu vois ». Tout le monde est beau, bronzé, en forme et détendu. Les garçons remontent les manches de leurs chemises et dévoilent des avant-bras puissants et bronzés. Tu te dis que la vie est belle.

Et puis septembre arrive. Les soirées sont encore belles. On fait semblant de croire que l‘été ne va pas se terminer et on se laisse aller à fredonner du Jo Dassin. Quand j’étais petite fille, j’aimais bien reprendre l’école, retrouver les copines et « apprendre de nouvelles choses ». 

Maintenant, c’est Top Resa qui sonne le renouveau de l’année. Et j’aime bien…

Mais inexorablement, arrive l’automne. Chaque matin, tu te dis que le froid pique un peu plus. Tu te couvres. Un jour, écervelée et confiante en la vie, comme il y a un semblant de redoux, tu relâches un peu la pression et tu t’habilles un peu plus légèrement. Et là, c’est le drame : sournois, le mal arrive et s’agrippe à toi. Tu chopes ce que ma grand-mère appelle un « coup de froid ». Tu n’es que remugles et crachats pendant deux semaines. Tu as l’impression que ta tête va exploser, tu as froid aux pieds alors que tu as pris soin de glisser dans tes bottes une petite semelle en peau de mouton.

D’ailleurs, c’est la seule bonne nouvelle de l’automne : on peut ressortir ses bottes, voire en acheter une nouvelle paire, ou plusieurs… 
(note aux lecteurs : jamais je ne pourrai sortir de l’anonymat : je ne pourrai pas assumer t’avoir dit que je porte des semelles en peau de mouton)

Le coup de grâce arrive, mauvais, le dernier week-end du mois d’octobre : le changement d’heure. Depuis plusieurs semaines, tu remarquais que même en sortant de l’agence à l’heure, il faisait bien sombre. Mais au moment du changement d’heure, il fait nuit noire bien avant que l’heure de partir n’arrive. Le choc.

Et cette petite fièvre qui ne passe pas…  et la goutte au nez qui n’en finit pas de couler…
Au bout de quinze jours, je suis allée faire écouter ma toux à mon médecin-traitant. « ça m’est tombé sur les bronches, docteur (...) et puis par dessus le marché, je suis crevée, démoralisée, ramollie, comme chaque année au mois de novembre, en fait ». Doc m’a répondu que j’étais normale : je souffrirais de « dépression saisonnière »



Je t’explique : la science ne comprend pas bien comment le truc marche mais si on est nombreux à avoir ce petit coup de mou en automne, ça serait à cause du manque de lumière : il entraînerait une variation de la production de la mélatonine et de l’activité reliée à la sérotonime. Si tu veux en savoir davantage, file sur le web et cherche des articles de vulgarisation scientifique. Ça ne rentre pas dans la ligné édito de mon blog mais tu vas te rendre compte que non, tu n’es pas la seule à devenir toute moisie en cette saison… 

Cet automne, ce qui est pire que tout pour moi, c’est que Coralie est en congé mat’ et que du coup, je n’ai pas eu un week-end tranquille depuis deux mois : bosser 6 jours par semaine depuis la rentrée, c’est bien gentil mais là, mon corps crie « au secours ! ». La perspective d’être en vacances-récup tout le mois de mars n’est pas suffisante pour me maintenir la tête hors de l‘eau.

Mardi dernier (enfin, mardi en 8, mais dans l'autre sens...), je rentrais chez moi en pédalant comme une folle après une longue journée à l’agence. Il était genre 21h. J’étais survoltée à cause de cette salope de Sandy (celle qui nous empêche de vendre NYC aux vacances de la Toussaint avec sérénité). Mon Vélib a glissé sur un tas de feuilles mortes et je me suis étalée de tout mon long. Outre que c’est humiliant à souhait, ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase : je suis rentrée chez moi en boitillant, j’ai appelé Big-Boss en larmes pour lui dire que j’étais au bout du rouleau et que je ne viendrai pas le lendemain. Je suis restée au fond de mon lit toute la journée. 

Au programme, citron chaud, masques hydratants et bain moussant. Histoire de reprendre des forces. C’est comme ça que je me suis retrouvée jeudi (jour férié) tout l’après-midi à l’agence à faire ce que je n’avais pas fait la veille.

Bon, je te raconte ma life mais il se passe des trucs plus graves dans notre environnement professionnel. C’est l’automne, certes… mais selon l‘avis de certains, on en arriverait à l’automne de notre vie. Et encore, apprécie que je n’aie pas surfé sur la métaphore du jour des morts. 

Revue de bonnes nouvelles : les TO s’attendent à une baisse de leur chiffre cet hiver de 8 à 10% et Saint Georges (pas celui qui a tué le dragon d’un coup d’épée : notre père à tous, celui du SNAV…) a déclaré il y a 15 jours que la profession avait encore tué 1000 emplois cette année. Le SNAV a aussi publié une étude qui dit que la profession est passée de 33 236 salariés en 2007 à 27 464 en 2010. Ça fait quand même 17% des effectifs.

Où ai-je rangé ma corde ?

Pour s’en sortir, quelles sont les solutions ? Nombreux sont ceux qui semblent se dire que la consolidation/concentration est la bonne solution. Mouais… j’ai déjà écrit ici que je ne voyais pas l’intérêt des fusions. Je te donne quelques exemples. Je ne mets pas toutes ces fusions dans le même panier mais dans chacune d’elles, j’entends comme un truc genre « au secours ». 

On a vu la fusion Go-Opodo-E Dreams. 3 technologies différentes à la base, mais les 3 marques vont se mettre à la technologie e-dreams, très aboutie pour « chercher » mais qui, à force de forcer et bidouiller, arrive à trouver des catastrophes. L’effet volume est là. Les compagnies tremblent mais la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a. Et les compagnies n’ont de toute façon plus un centime pour payer des rétro-com’. Bravofly vient de racheter Rumbo. Quand tout le monde aura racheté tout le monde et que plus personne ne pourra grossir, on sera arrivé à une espèce de monopole. Mais bon, c’est pas sur le vol sec qu’on va essayer de gagner de l’argent. 

Il y a eu NF-TUI-Aventuria-Tourinter-Marmara-Havas-Carlson. Cette fusion est la preuve que dans le cas de fusions-acquisitions, 1+1+1 ne fait jamais 3 et encore moins 4. Je m’explique : une fois les différentes entreprises regroupées, harmonisées puis réunies, que se passe-t-il ? On coupe ! 

Le meilleur exemple, c’est que NF abandonne les clubs pour laisser la place à Marmara. Où est l’effet de masse dans ce cas ? Les clients qui achetaient du Paladien vont-ils tous acheter du Club Marmara à la place ? je suis sure que les clubs de FRAM et autres Lookea récupèreront une partie du marché. Ça, c’était l’exemple de la production. Et pour la partie distribution ? 

Depuis que les Carlson sont devenues Havas, on trouve 2 points de vente concurrents dans le même quartier dans bien des villes de France. Le consommateur ne comprend plus rien ? Pas grave, on s’en fout, on occupe le marché ! mais bon… au bout d’un moment, quand 2 points de vente de la même marques cohabitent à 100 mètres l’un de l’autre, il y en a toujours un qui ferme. 

L’acquisition que je trouve la plus pertinente, c’est celle de Marietton qui tisse sa toile dans tout le quart sud-est de la France. Excusez-moi du peu mais la holding a désormais 83 agences, des charters au départ de Lyon et Marseille (et même de l’aéroport de Saint Etienne)

Tiens, à propos… je tiens à partager avec toi cette information de toute première importance : le code de l’aéroport de Saint Etienne, c’est EBU. Certes, comme tout le monde, tu t’en fous mais connaître le code de l’aéroport de Saint Etienne va te permettre d’avoir un regard neuf sur cette ville. Que sait-on de Saint Etienne ? (à part qu’un jour, elle a eu une équipe de foot). Ben rien. Essaie de dire quelques chose d’intelligent sur Saint Etienne. Voilà. Tu es creux ! 

En tout cas, les produits packagés d’Ailleurs et Voyamar vont pouvoir bénéficier de la force de vente de toutes agences du groupe, aux couleurs variées de Selectour, AFAT ou Carrefour. Des agences qui vont bien entendu avoir des directives de vente précises : il faut bien écouler les sièges et les chambres à risque du groupe. C’est le chiffre de FRAM et de LOOK qui va baisser !

FRAM et Look qui vont du coup avoir besoin de « sécuriser leur distribution » en rachetant des points de vente un peu partout.  La bonne nouvelle, c’est que si les mouvements de concentration continuent, on va finir par ne plus voir exactement la même chose dans chaque agence… 

Mais comme il n’y a plus de client, personne ne va s’en émouvoir.